collaboration / télétravail

Dans la peau d’un « digital nomad »

J’ai réussi à attraper Mony Chhim entre deux voyages, car Mony est un « digital nomad ». Mony est auteur d’un podcast bien connu dans le domaine du marketing B2B et j’ai d’ailleurs eu la chance d’y participer. Mony fait partie de cette nouvelle génération de travailleurs nomades qu’on appelle « digital nomads ». J’ai voulu qu’il m’explique sa vie de nomade et pourquoi pas, de nous encourager à faire de même.

Dans la peau d’un « digital nomad » avec Mony Chhim

Digital Nomad
Pour beaucoup, la vie d’un digital nomad est la caricature d’un touriste qui fait semblant de travailler depuis la plage, mais la réalité est tout autre. C’est ce que nous a expliqué Mony Chhim, auteur du podcast du marketing B2B — image produite avec Midjourney.

Alors, un digital nomad, est-ce un touriste qui fait semblant de travailler ?

MC. (Rires) il y en a qui croient qu’un digital nomad c’est quelqu’un qui travaille au bord de la piscine en buvant des cocktails. Mais ce n’est pas la vérité.

Ce qui m’a poussé à devenir digital nomad, c’est la lecture du livre la semaine de 4 h de Timothy Ferriss. Il y parlait de la possibilité de vivre et de travailler à distance [NDLR dans le langage des nomades, on dit « en remote »].

C’est un livre qui est sorti en 2007 et depuis cinq ans j’ai adopté ce style de vie.

digital nomad
Une image plus réaliste, plus poétique et sans doute aussi plus proche de la vérité. Une digital nomad très concentrée qui travaille dans le patio d’une maison orientale. Cela ne vous fait-il pas rêver ? — image produite avec Midjourney.

As-tu réussi à travailler 4 heures par semaine ?

MC. J’avoue que j’ai eu quelques semaines de 4 h par moment. Cela m’est arrivé et c’était chouette. Mais je pense que pour bien développer un business, bien s’occuper de ses clients, gérer son podcast, et cetera il faut travailler plus.

Pour bien développer son business, il faut travailler plus de 4 heures et j’aime travailler !

Ce qui me plaisait c’était la notion de faire un job digital qui me plaise énormément et en même temps pouvoir vivre dans différents pays. Pas juste passer des vacances à un endroit, mais vivre plusieurs mois à l’étranger et me sentir presque comme un natif du pays.

Dans quels pays as-tu travaillé ?

MC. Je ne suis pas un digital nomad fou qui change de pays tous les mois. Moi j’ai plus été un « slowmad ». Je suis plus du genre à rester plusieurs mois, voire plusieurs années à un endroit.

Je suis allé en Ukraine, avant le conflit, j’ai passé du temps en Espagne aussi, à Valence, c’est une superbe ville. J’ai passé pas mal de temps en Europe centrale aussi, notamment en Pologne, en Hongrie et en Tchéquie. Le Portugal a été ma base pendant quatre ans. J’ai passé beaucoup de temps à Lisbonne qui est en quelque sorte le San Francisco européen.

Il y fait chaud, il fait beau, il y a du surf, et en même temps, il y a un écosystème d’entrepreneurs, et beaucoup de dynamisme autour du digital. Donc pour moi, c’est vraiment une super expérience.

Le soleil, un inconvénient pour se motiver à travailler ?

MC. Au début de ma vie de digital nomad, j’avais un peu de mal à me discipliner et j’avais tendance à faire moins d’heures (sans faire 4 h quand même).

À un moment donné, je me suis rendu compte qu’il était important de se structurer, de se discipliner.

Que faisais-tu avant ça ?

MC. Je suis marketeur depuis sept ans. Avant, j’étais ingénieur en mécanique, ce qui n’a rien à voir. Un jour, je me suis dit que calculer des structures ce n’était pas assez intéressant. C’était un peu trop « scientifique et technique » pour moi et il me fallait un peu plus de marketing, de Com, un peu plus de business. Et c’est pour cela que je me suis mis dans le marketing digital il y a sept ans.

J’ai appris en autodidacte puis j’ai intégré une start up, puis une agence digitale. J’ai appris sur le tas.

N’est-ce pas un long moment de solitude ?

MC. Justement, mon truc c’est que je rentre en France assez souvent quand même, pour voir ma famille, mais aussi pour aller voir des clients potentiels rencontrer pour la première fois une deuxième fois et c’est très bon. C’est chouette.

Tu fais bien d’amener ce sujet. On peut se sentir un peu seul des fois. J’ai plusieurs moyens pour me sentir moins seul. Le premier est d’aller dans des espaces de coworking. On y rencontre des gens, on va déjeuner ou dîner avec eux et on se fait des amis. Ensuite, j’ai participé à beaucoup de meetups où on rencontre beaucoup de gens qui sont dans le même domaine et on va aussi se faire des amis.

Enfin, j’ai intégré des collectifs de free-lances et le fait de bosser en équipe, on retrouve cette ambiance entreprise. Et du coup, ça permet de rompre avec la solitude. Effectivement.

Avec mon podcast également je me suis fait beaucoup d’amis et de collègues, j’ai aussi rencontré virtuellement beaucoup de personnes et fait du business grâce à LinkedIn. J’ai ainsi eu des rapports avec beaucoup de gens que je n’ai jamais vus dans la vraie vie, c’est marrant cette époque quand même !

Digital nomad, un métier pour tous ?

MC. Je pense que non. J’ai des amis qui aiment bien leur confort de vie, ils aiment leur canapé, leurs meubles et ils auraient du mal à s’imaginer en digital nomads.

Pour ma part, je suis assez stoïcien, un environnement spartiate ne me dérange pas du tout, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Je n’ai plus de livres, je les ai donnés ou vendus, je n’ai plus que mon Kindle.

Où as-tu domicilié ta société, au Delaware, à Dubai ?

MC. Pas du tout, elle est domiciliée dans le 8e arrondissement de Paris. Tout est digitalisé. Si, par hasard, je reçois des courriers physiques, la société qui me propose la domiciliation scanne les courriers et me les envoie sur mon espace digital.

N’y a-t-il pas un peu de jalousie envers les digital nomads ?

MC. Peut-être, mais de mon point de vue, à une époque j’avais un boulot que je détestais. Et pour en sortir, j’ai travaillé et pris des risques. Je dirais donc que la plupart des gens peuvent apprendre ce genre de métiers, mais cela nécessite une transition. Dans mon cas, cela m’a pris deux ans.

Et puis j’ai appris à vivre modestement, en dessous de mes moyens et de temps en temps de me faire plaisir avec une expérience un peu spéciale. Je mets de l’argent de côté et je me satisfais de peu.

Il y a des digital nomads qui, avec de tout petits salaires, vivent très bien en Thaïlande ou ailleurs. Pour ma part, je préfère gagner plus. Devenir digital nomad et gagner autant qu’on en a envie n’est pas antinomique.

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »

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