Ecrire pour le Web : conseils d’écriture digitale
Comment bien écrire pour le Web ? Ces quelques conseils d’écriture digitale (ou numérique, nous nous appesantirons sur ces termes un peu plus loin) ont été tirés en partie – ou inspirés – du « guide de la rédaction » de Michel Voirol, un ouvrage de référence pour les journalistes en formation. Nous avons adaptés les conseils issus de cet ouvrage pour les lecteurs désireux de mieux écrire pour le Web, en introduisant la spécificité des méthodes créées et utilisées par Visionary Marketing.
Conseils d’écriture digitale pour bien écrire pour le Web et sortir du lot
Dans cet article, nous citerons des passages du livre de Voirol que nous jugeons importants. Là où cela s’imposait nous avons également indiqué pourquoi et dans quelle mesure nous étions en désaccord avec les règles indiquées, dans le contexte du Marketing de contenu en ligne (alias content marketing).
Ces quelques conseils d’écriture digitale (plus un petit dernier en fin d’article) ne sont nullement exhaustifs. Ils contiennent néanmoins la plupart des éléments qui nous semblent indispensables, quand on les couple avec notre méthode diabolo, détaillée en fin de billet.
Des anglicismes et des barbarismes
La plupart des disciplines que nous traitons, dans nos domaines du B2BEn réalisant ce glossaire Visionary Marketing s'est heurtée de front à un problème de taille : faut-il écrire BtoB ou B2B ? du moins, sont soit directement importées des Etats-Unis soit largement imprégnées d’anglicismes.
Reconnaissons tout de go que nous ne pourrons jamais nous débarrasser totalement des anglicismes
Certains mots techniques issus de l’anglais peuvent être remplacés, quand l’usage du mot français équivalent, s’est imposé auprès du public. Parfois cet usage est partiel, notamment pour les mots importés via le Québec comme courriel / pourriel par exemple, plus populaires dans la Belle Province que chez nous.
La plupart du temps ils ne pourront pas se substituer totalement aux mots originaux, arrivés de facto plus tard en français. Même si un OS est aussi un système d’exploitation, l’acronyme en est usuel. MO Peut remplacer MB mais les deux sont admis.
Par contre, on évitera les barbarismes, surtout quand il s’agit de mots ou d’expressions issus du français, passés par la lange anglaise et revenus chez nous déformés.
Citons l’ineffable « être en charge de » (to be in charge of) qui est une déformation de l’expression vieillie « avoir la charge de » et qui est plus élégamment remplacé par « être responsable de ».
Précisons enfin que l’auteur de ce post étant bilingue, le rejet des anglicismes inutiles et des barbarismes n’est aucunement mu par une quelconque détestation de la langue anglaise.
Ecrire pour le Web : numérique ou digital ?
Numérique peut remplacer digital, qui reste un barbarisme, mais son usage est moins courant et surtout il est moins valorisé.
Qu’on le déplore ou non, c’est l’usage qui compte, d’autant plus que dans le domaine digital, le référencement est crucial et il en est donc de même pour le choix des mots qui le rendent possible.
Dans cette limite, on acceptera les anglicismes.
Pour les sujets techniques : le double emploi alterné des deux formes (française et anglaise), quand elles existent, est aussi conseillé, ainsi que la définition des mots abscons lorsque cela est possible et permet de rendre le discours plus clair.
En conclusion, on évitera de devenir un Ayatollah de la langue et on admettra que celle-ci évolue et s’imprègne des autres langues. Toutefois, on tentera tant que faire se peut d’éviter le sabir pseudo anglophone de nombre de professionnels du marketing.
Notons à ce sujet que les véritables anglophones ne le comprennent pas non plus car la plupart du temps il s’agit d’un langage intermédiaire, un idiolecte destiné à ne pas être compris pour permettre à un petit groupe de se reconnaître entre initiés.
Le franglais des Français est, en résumé, une novlangue. Il est incompréhensible par les Français.
Ajoutons aussi, que pour la plupart des Britanniques (le grand public) le langage anglais des affaires est également un sabir incompréhensible et parsemé de tics.
Tout l’art du rédacteur avisé sera donc d’utiliser le langage reconnu par les initiés afin d’éviter d’être déconsidéré, tout en restant compréhensible pour permettre de s’adresser à un maximum de lecteurs.
Un exercice d’équilibriste bien délicat.
Conseils pour bien écrire pour le Web : angler son billet
Voirol définit ainsi l’ « angle » journalistique :
[L’angle] est un axe « […] qui sera privilégié, au détriment des autres, traités plus succinctement »
Il évoque la nécessité de l’angle au travers de la simplicité (éviter de perdre le lecteur). Il a parfaitement raison sur ce point, et c’est une des raisons pour lesquelles notre méthode diabolo comprend la conclusion dans son chapô.
Vous remarquerez l’emploi du singulier. Il est recommandé, si vous avez plusieurs points à démontrer, plusieurs « angles », d’en tirer un autre billet. Mais ce n’est pas tout.
L’angle est aussi et surtout utile pour préserver l’originalité du billet, et faire transparaître la personnalité du rédacteur (et au travers de lui de la marque pour laquelle il rédige lorsque c’est le cas).
Par contre, il faut éviter à tout prix les tics de certains journalistes (papier ou Web), notamment ceux qui travaillent pour des titres d’opinion, et dont l’angle finit par devenir un biais.
Exemple : un journaliste d’une célèbre radio suisse nous interroge sur Facebook il y a quelques années.
Son angle : Facebook s’essouffle, il faut démontrer que les utilisateurs s’en détournent et qu’il sera remplacé, comme MySpace. Il décide donc d’interroger quelques experts. Manque de chance, chez Visionary Marketing nous ne sommes pas d’accord. Facebook ne sera remplacé ni par appUne application mobile B2B offre la possibilité de moderniser les opérations interentreprises, avec une courbe d'apprentissage minimale..net (2012) ni ello (2014). L’avenir nous a d’ailleurs donné raison à l’époque. Le journaliste quant à lui est resté bien campé sur son angle – devenu un biais – car au lieu de faire œuvre de recherche il a tenté de faire coller la réalité à sa propre fiction. C’est le ressort principal de la désinformation et de la propagande et c’est aussi un tic qui est responsable, accessoirement, des mauvais contenu et du mauvais journalisme.
Clarté du langage et style
Voirol oppose style et clarté, en stigmatisant les « journalistes débutants » obsédés par le style. Les deux ne sont pas opposables à notre goût. Le style est au contraire très important.
Dans un monde où le trop plein d’information est patent, le style est nécessaire, voire indispensable. Mettons cela dans la bouche d’un de nos lecteurs : « Quand je vois passer un article de Visionary Marketing je sais que c’est de vous avant d’avoir lu la signature ». CQFD.
Qui plus est, la valeur, ni le style, n’attendent le nombre des années, les jeunes auteurs sont aussi capables de belles choses, laissons-les donc s’exprimer.
Les règles de ponctuation pour bien écrire pour le Web
Nous ne prenons ici que les points soulevés par Voirol qui nous intéressent et qui posent problème et laissons de côté ceux qui nous paraissent évidents.
- La virgule : Voirol oppose la virgule « pause légère entre les éléments non reliés entre eux par des termes de coordination ou de subordination » et le point-virgule qui « marque une pause, plus forte que la virgule, entre deux membres de phrase de même nature ». Il blâme le manque de lisibilité du second et conseille de le remplacer par un point. Nous pensons au contraire qu’utilisé avec parcimonie, le point virgule permet de séparer deux membres d’une phrase tout en en préservant le caractère commun. Cela évite de se retrouver avec trop de phrases courtes et apparemment sans rapport qui rendent la lecture finalement plus difficile. L’excès de phrases courtes peut nuire à la fluidité de la lecture et donne l’impression que l’auteur anticipe l’incapacité de ses lecteurs à réfléchir.
- Le point d’exclamation est un de nos chevaux de bataille : on ne l’utilisera que dans les cas de l’impératif ou de l’étonnement : « faites ceci ! », « réveillez-vous ! », « ça alors ! » etc. L’abus de points d’exclamation, sans qu’on exagère la gravité de ce point, trahit une certaine naïveté dans l’écriture et, au contraire de ce que beaucoup pensent, diminue la force d’une phrase au lieu de l’augmenter, lorsque il est utilisé à mauvais escient. La multiplication des points d’exclamation (exemple « 3 points à éviter absolument !!! ») est à bannir. Citons Voirol : « évitez l’abus du point d’exclamation, qui affaiblit le sens du signe et trahit souvent une incapacité à exprimer sa pensée avec les mots ».
- Etc. Etc toujours suivi d’un point unique. On peut le remplacer par des points de suspension (3 uniquement … Et non ….). Nous recommandons d’éviter les points de suspension dans les cas où vous voulez insister sur un sujet particulièrement important. Par exemple « on devine vite ce qu’il advint de ce projet… » où les 3 points semblent introduire un sous-entendu, ce qui n’est pas une bonne pratique. Elle trahit, comme avec le point d’exclamation, l’incapacité de s’exprimer avec des mots de façon précise, et correspond peu ou prou à un gros clin d’œil orthographique assez lourd. Mieux vaut terminer cette phrase par un point, bien assez fort. Ne dit-on point « un point c’est tout » ? À noter que Voirol ne souligne pas ce point comme étant répréhensible.
- Les crochets qui sont « des parenthèses renforcées » selon Voirol, sont importantes dans la presse. Elle permettent de stipuler qu’un morceau d’une citation a été omis : « […] est devenu gagnant » indique que le début de la citation est omis, souvent pour permettre de préserver la correction grammaticale du texte. « Le problème [qu’il a] résolu » permet de corriger la grammaire également lorsque la citation a été, par exemple, déclinée à la première personne et que le narrateur veut la reprendre dans le fil de son discours.
- « L’asterisque (*) ou appel de note (1) est utilisé pour renvoyer à une note, imprimée généralement en caractères plus petits et installée en bas de colonne ou en fin d’article » nous explique Voirol. Mais ceci n’est pas valable dans l’écriture en ligne qui s’accommode mieux des liens et ceci pour plusieurs raisons :
- Les liens permettent la référence directe sur le Web
- Il est difficile de passer du bas au haut du texte en ligne
- Les liens rendent le texte plus lisible (selon les travaux de Jakob Nielsen), un texte en ligne sans îliens est illisible.
- Les parenthèses : une de nos connaissances ayant fait Sciences PO nous a confié un jour que dans cette noble institution, l’usage des parenthèses en dissertation y est rigoureusement interdit. Il trahit en effet une digression. Toutes les digressions ne sont pas à bannir. Mais il est un fait qu’un excès de bifurcations dans un texte en affaiblit le message et obscurcit sa compréhension. On s’efforcera donc, autant que faire se peut, de suivre le conseil de mon ami de la rue des Saint Pères. Même si j’avouerai humblement n’être pas exemplaire sur ce point.
Les adjectifs de langues et de pays et les habitants desdits pays
Les Français parlent aux Anglais en français de France, mais ils ne pratiquent l’anglais qu’avec les Anglais en utilisant des dictionnaires anglais. Les fautes sont nombreuses dans ce domaine et il faut dire que la règle est assez obscure.
La tendance est de mettre des majuscules partout, probablement encore un import de l’anglais. Si nous avions plus de germanophones, et ce serait un bienfait, devrions-nous pour autant mettre des majuscules sur tous nos substantifs ?
Les accents circonflexes
La réforme de l’orthographe française a été décidée dans les années 90 et appliquée seulement en 2015 (sic). Elle nous a débarrassé d’accents inutiles (apparaître vaut apparaitre) mais pas de façon uniforme (on continue d’écrire bientôt).
En même temps, cette tentative de simplification, bien imparfaite, laisse complètement de côté des règles extrêmement compliquées comme celle du participe passé devant un infinitif qui nécessitent une relecture à chaque utilisation.
Notre parti pris est donc de ne pas tenir compte de cette réforme, et de préserver la graphie antérieure, en attendant soit une véritable simplification de la langue, soit le retour à l’orthographe originelle. N’oublions pas cependant que cette orthographe est en fait très récente (elle date du 19ème siècle) et que de ce fait il n’y a pas de tabou à un changement des règles d’une langue.
Voici par exemple la couverture originale du Misanthrope de Molière :
Les métaphores et expressions éculées
En tant qu’amateur de la presse nous sommes souvent soumis à une avalanche de « cité phocéenne » à la place de Marseille, ou « l’île de beauté » pour la Corse, l’ « hexagone » pour la France, la « perfide Albion » pour l’Angleterre etc. (J’ai, pour être honnête, mentionné La Belle Province ci-dessus).
Aucune de ces expressions n’est mauvaise en soi. Mais elles sont tellement entendues que cela en devient pénible. Ces expressions éculées ont été largement décrites et leurs utilisateurs éreintés par les journalistes de rue 89 et d’arrêt sur images.
Nous en resterons ici pour les principaux points relatifs à l’écriture sur le Web qui, combinés à notre méthode du diabolo, forment nos règles de base.
N’oubliez pas l’ingrédient le plus important en fin de compte, celui de l’originalité et de la créativité. Les meilleurs règles resteront toujours celles que l’on aura transgressé avec élégance.
- Accessibilité des sites Web - 11/10/2024
- 9 conseils pour mettre en œuvre le changement - 10/10/2024
- Le mécénat d’entreprise réinventé par une start-up innovante - 09/10/2024