Web3 : à quoi ressemblera l’Internet du futur ?
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À quoi ressemblera le futur de l’Internet ? La réponse à cette question plus complexe qu’il y paraît, jaillira sans doute de la conférence Inspirations Marketing 2022, organisée par Comundi et stratégies, à laquelle Visionary Marketing est associée comme partenaire média. Je me suis entretenu avec Noël Cambessedes, président fondateur de Comptoirs, qui y interviendra le 30 juin à 16 h. Le sujet de cette intervention s’annonce passionnant : comment imaginer des produits et développer des marques répondant aux enjeux de demain ? Parmi ces enjeux, il y a le fameux Web3. Ce Web3 dont nous avons déjà débattu et sur lequel nous n’avons pas fini de revenir dans ces colonnes. Zoom sur ce sujet avec Noël dans ce billet et un podcast associé.
Web3 : à quoi ressemblera l’Internet du futur ?
Web3 : retour vers le futur
Le Web3 (ou 3.0), c’est un peu retour vers le futur puisqu’il y a à peu près dix ans, on en parlait déjà.
Le Web sémantique, parfois appelé Web 3.0, est une extension du World Wide Web par le biais de normes [1] établies par le World Wide Web Consortium (W3C). L’objectif du Web sémantique est de rendre les données Internet lisibles par machine
À l’époque c’était sensé être le Web sémantique, donc un Web plus orienté sur la compréhension de son contenu par des machines, enfin en principe, car on n’en a jamais vu la couleur.
La notion de réseau sémantique a été initiée dans les années 60, et ce concept• a ressurgi un demi-siècle plus tard, mais ce Web 3.0 n’a jamais vraiment vu le jour, comme l’a indiqué le fondateur du Web en 2013 dans un papier sur Scientific American. Les microformats ont fini par jouer ce rôle.
Le terme a disparu… puis il est revenu, quelque peu modifié. De Web 3.0 il est devenu Web 3… Finalement, ce Web3-là n’a plus rien à voir avec le Web sémantique, c’est devenu complètement autre chose.
Un rapport de Gartner paru le 24 février 2022 a précisé ce qu’il y a derrière ce buzzword 3.0. Voici ce qu’en dit l’analyste américain.
- Web3 (aussi appelé Web 3.0) est un terme popularisé par Gavin Wood, cofondateur d’Ethereum, décrivant une vision de la prochaine itération du World Wide Web, envisagée comme décentralisée et alimentée par les technologies blockchain [on peut se poser la question de savoir s’il ne s’agit pas d’une prévision de l’avenir à la manière d’une Dinde qui prédirait Noël] ;
- Le Web3 permet [trait] des interactions en peer to peer sans dépendre de plateformes ni d’intermédiaires centralisés [en quelque sorte, le rêve de Tim Berners Lee en 2019] ;
- Le Web3 complète le Web 2.0 et remédie [rait] aux conséquences négatives de la centralisation du Web 2.0, mais le Web 2.0 conserve des avantages en termes d’échelle, de service aux clients et de protection des clients [selon Gartner].
Gartner poursuit ainsi en prédisant :
- Les entreprises continueront à utiliser le Web 2.0 pour la plupart des applications jusqu’en 2030. Au cours de cette période, elles n’utiliseront le Web3 que pour les applications qui bénéficient des nouveaux modèles économiques basés sur la blockchain et des nouveaux réseaux sociaux et de « gaming ».
Ils ne se mouillent pas trop. Personnellement, je ne comprends pas pourquoi on n’a pas nommé ce « nouveau » concept Web4. Tant qu’on y était, on aurait pu acter la mort du Web 3.0 et passer à l’itération suivante.
La conclusion du rapport est qu’il s’agit bien d’une nouvelle ère de l’Internet qui s’ouvre, mais qu’on ne verra pas arriver avant une dizaine d’années. D’une part, les entreprises vont être un peu lentes à adopter tout cela, et d’autre part les entreprises centralisatrices vont faire un peu de résistance.
Voilà pour la définition et le factuel, passons maintenant au résumé de ma discussion avec Noël, l’intégrale de cet échange étant consigné dans le podcast joint à ce billet.
Le futur rêvé de l’Internet : le web3
La révolution blockchain (Web3) après le Web2 et le Web1
« C’était le chaînon manquant. Plusieurs auteurs ont travaillé là-dessus avec les fameux quatre piliers de la civilisation, le premier étant la technologie, puis les nouvelles règles sociales, une nouvelle culture, le quatrième un nouveau règlement politique » explique Noël.
Le Web 3 est décliné de la blockchain : les cryptomonnaies, les NFT, et par extension, le métavers
« Aujourd’hui, la blockchain est utilisée par les grandes entreprises sur un ensemble d’outils. De nouveaux arrivants se sont blockchainisés. Certaines places de marchéLa notion même de marché B2B ou B2C est au cœur de la démarche marketing. Un marché est la rencontre d'une offre et d'une demande entrent dans la danse et toutes les banques ont lancé des produits et utilisent la blockchain au quotidien » poursuit le fondateur de Comptoirs.
La blockchain permet de nouveaux modèles économiques, mais aussi l’émergence de nouveaux outils
Un point majeur : le Web3 n’est pas intuitif
Pour le Web3 c’est un peu plus complexe que pour les versions précédentes nous explique Noël Cambessedes :
« La première fois qu’on s’est connecté sur Internet, on a compris qu’on allait accéder à des informations. La première fois qu’on a reçu un mail, on a compris qu’on pourrait s’envoyer des messages, et la première fois qu’on a créé un compte sur Facebook, c’était extrêmement intuitif.
Cela l’est beaucoup moins pour le Web3 et c’est une des raisons pour laquelle Gartner donne une durée de dix ans », souligne Noël.
Aujourd’hui le Web3 est encore réservé à des gens qui n’ont pas peur de la techno pour progresser
Les enjeux stratégiques du Web 3
Tous les secteurs ont été touchés par le digital et tous les secteurs seront touchés par le Web3
« C’est maintenant qu’il faut s’y mettre en se disant : ‘Mais globalement, quels sont les enjeux, comment ça va me toucher et qu’est ce que je veux y faire ?' » explique Noël.
Enjeu no 1 : de nouveaux business modèles
Grâce aux smart contracts, on est capable d’accélérer le mouvement du crowdfunding.
Il y a un impact potentiel sur tous les métiers en B2CEn réalisant ce glossaire Visionary Marketing s'est heurtée de front à un problème de taille : faut-il écrire BtoB ou B2B ? où il y a des communautés de consommateurs
« Je prends l’exemple du financement du cinéma à travers des NFT », poursuit Noël Cambessedes.
« On peut s’adresser aux fans des acteurs de réalisateurs, leur promettre grâce aux Smart contracts des parts sur les futures recettes du film, donc ils deviennent investisseurs.
C’est un nouveau business modèle, c’est le public qui va financer les films
Enjeu no 2 : de nouveaux outils
Aujourd’hui, transférer de l’argent à l’étranger, par exemple, reste extrêmement complexe. La blockchain propose une solution beaucoup plus rapide, beaucoup moins chère et bien plus immédiate.
La blockchain va simplifier les tâches et faire naître de nouveaux services.
Enjeu no 3 : de nouveaux financements
« Avec la blockchain il est possible d’attribuer des parts non sur l’entreprise, mais sur l’activité. De ce fait, tous les sujets de transformation peuvent être autofinancés » explique Noël.
L’application de la blockchain dans les banques permet la sécurisation et l’archivage et des temps de traitement améliorés
« On est un peu perturbés parce qu’on ne retrouve pas les vieux schémas de fonctionnement », ajoute à juste titre Noël. Mais à terme et selon lui, c’est à une véritable révolution que nous assistons. Espérons qu’il ne s’agisse pas d’un emploi abusif de ce terme comme cela est arrivé trop souvent par le passé.
De l’innovation et de l’humilité
Il faut toujours rester humble face aux innovations
« Il faut surtout rester curieux et positif et c’est ça le plus important » conseille Noël Cambessedes, car « au-delà de tout ce qu’on est en train d’inventer et de vouloir faire, l’important est d’être heureux. Et je pense que ces nouveaux outils peuvent nous aider à être plus heureux ».
Voilà sans doute l’idée du Web3 (le nouveau, pas l’ancien), redécouvrir un Web décentralisé et sorti de l’emprise de ses géants du numérique, un Web plus humain, plus sécurisé et plus inclusif. On ne pourra qu’être d’accord avec cette vue, même si Gartner a émis des réserves.
Et dans ces bouillonnements technologiques, il va falloir aller de l’avant comme l’explique Noël dans sa conclusion :
Le sujet, c’est de faire le premier pas. Et si vous partez dans une mauvaise direction, vous arriverez quand même à bon port, car vous vous serez mis en mouvement.
Voilà une bonne conclusion. Il faut rester humble face à l’innovationL'innovation va de la compréhension (intuitive ou non) du comportement de l’acheteur à la capacité d’adaptation à l'environnement. Innovons, innovons, il en restera forcément quelque chose. Nous vous donnons rendez-vous à Inspiration Marketing le 30 juin à 16 h.
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