John Dillon de Engine Yard : « un Cloud privé est un oxymore »
Un cloud privé, est-ce une avancée logique de l’IT ou une contradiction dans les termes, un oxymore ? Alors que j’étais à San Francisco, en attendant Blogwell qui aura lieu cet après midi, j’ai pu m’insérer dans mon ancienne équipe du ‘IT Press tour’ de Philippe Nicolas, avec qui j’ai déjà effectué plusieurs voyages dans la vallée. Aujourd’hui, nous avons rendu visite à Engine Yard, un des nouveaux acteurs de premier plan dans le domaine du “platform as a service” (PaaS c’est à dire le côté infrastructure di cloud computing) pour les start-ups et – de plus en plus – les grands comptes. Le patron de Engine Yard, John Dillon (notre photo), a partagé ses réflexions avec nous sur le sujet du Cloud Computing (informatique dans le nuage) et nous a éclairé sur l’avenir de ce domaine.
John Dillon de Engine Yard : « un Cloud privé est un oxymore »


“le changement le plus important depuis l’invention du PC !”
- d’une part les startups de l’environnement 2.0 qui “cherchent à devenir le prochain Facebook”. Selon Dillon les clients de Engine Yard sont au nombre de 2500 et sont répartis dans 58 pays “bien que nous quittions rarement San Francisco, ce qui est un signe que le Cloud computing fonctionne” ajouta-t-il.
- Les autres clients de Engine Yard sont les grands comptes (alias “Fortune 500”, les 500 premiers comptes mondiaux), mais dans ce cas, les applications sont différentes : “ces clients-là n’en sont pas encore à mettre le Cloud au cœur de leur informatique” a-t-il précisé, “ils testent cette innovation … et ça marche !”.
Cloud Computing : seulement au début
“La plupart des dirigeants métiers qui veulent innover se tournent vers l’informatique et c’est le Cloud qui est l’élément déclencheur. L’impact sera profond et durable. Or le schéma d’innovation qui est celui emprunté par le Cloud Computing est en fait très semblable à ce que j’ai observé par le passé. Cela rend les grandes SSII un peu nerveuses quand elles pensent au futur” ajouta-t-il avec un brin de provocation et avec passion, “mais le changement est en cours et il faudra le mettre en œuvre de façon intelligente afin de ne pas casser l’existant du SI qui fonctionne. Le Tsunami arrive” dit il en montant dans la provocation, et en enjoignant aux DSI de faire bien attention”. Pas étonnant entre nous que les DSI des grands groupes ne sautent pas le pas en entendant ce discours-là.
évolution ou révolution, là est la question …
la DSI, ces “malaimés”
Mais il y a une connnaissance universelle, pour quiconque a travaillé plus d’une semaine dans un grand groupe a poursuivi Dillon, c’est que “tout le monde déteste le département informatique” et le DG de Engine Yard pende que c’est également là la raison pour cette (r)évolution : “les utilisateurs finals en ont marre d’exprimer des besoins devant les informaticiens et qu’ils répondent soit que ce n’est pas possible, soit que vous l’aurez l’année prochaine”.
Pour lui, un bon département informatique devrait répondre : “on va essayer de trouver une solution et pourquoi pas utiliser ces nouveaux outils pour vous aider. Un département informatique fort est un groupe qui se met au service de ses utilisateurs et qui investit pus dans l’innovation, non pas 20% de son budget, mais 30% ou plus” conclut-il.
Voilà au moins une déclaration avec laquelle peu d’utilisateurs et de responsables métiers seraient en désaccord à mon humble avis …
un Cloud privé est un oxymore
Mais l’autre problème avec le Cloud Computing est le phénomène du “neuf avec du vieux” a-t-il poursuivi.
“Si vous mettez en place un Cloud privé, vous ne fautes que déplacer votre budget d’un département à un autre et c’est le seul moyen de prolonger la vie du département informatique sans rien changer” a-t-il ajouté de façon assez directe.
Toutefois, Dillon n’est pas à ranger dans le camp des détracteurs des départements informatiques, il est plutôt à mettre dans celui qui essaie de les réveiller et de les pousser à innover. “Nous envisageons de devenir un partenaire important des départements informatiques des grandes entreprises” a-t-il ajouté, “mais ils n’achètent rien aujourd’hui, il est trop tôt ; mais dans 5 ans, les choses auront changé !”
le Cloud : un changement de paradigme
“A chaque changement de paradigme, c’est la même chose : les tenants de l’historique commencent par nier l’évidence, puis ils essaient de s’emparer de l’idée (avec des messages du style : ‘le Cloud on est déjà dedans depuis un moment »’) et, en fin de compte, le changement s’opère. Il y a des sociétés de l’informatique qui arriveront à effectuer leur transition, mais le modèle économique qui leur est familier dans lequel on vend des produits propriétaires très chers et très complexes et avec des prix d’add-ons si élevés que le commercial peut s’acheter une nouvelle BMW, ce modèle économique-là va disparaître !”
C’est ce changement de paradigme que John Dillon a observé de son temps chez Salesforce, “il y a 10 ans”, a-t-il expliqué, les DSI ne voulaient pas nous parler et maintenant ils sont tous en contact avec Salesforce !”
Ceci étant, le Cloud Computing ne résoudra rien des problématiques d’intégration complexe, et c’est là que les départements informatiques auront un rôle important à jouer , au plus près de l’applicatif métier.