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Un influenceur IA du luxe avance incognito

Visionary Marketing s’est entretenu avec Katja Graisse – cofondatrice, avec Stéphane Galienni, de Balistikart, une agence de création numérique indépendante – pour discuter du projet d’influenceur IA dans le luxe : « Incognito AI Influencer ». Nous avons abordé ensemble les avantages et les limites des influenceurs générés par l’IA, l’imbrication entre art et monde des affaires, et bien d’autres choses. Katja dresse ici un bilan optimiste de notre paysage numérique, affirmant que l’utilisation de l’IA permet une implication des médias plus souple, plus durable et, bizarrement, plus honnête. Cependant, la transparence n’est pas toujours de mise avec ces influenceurs IA dans le luxe ou ailleurs. Ainsi, d’aucuns ont utilisé des deepfakes de manière intentionnellement trompeuse, ce qui amène de nombreuses personnes à s’interroger sur les conséquences de ces utilisations de la technologie. Nul ne sait à l’heure qu’il est ce que l’avenir réserve aux influenceurs virtuels.

Un influenceur IA avance incognito dans le luxe avec volupté

influenceur virtuel IA luxe
Photo tirée du Incognito AI influencer project – le projet de Stéphane Galienni et Katja Graisse d’influenceur du luxe

Comment décrire ce projet d’influenceur du luxe en IA  ?

Nous avons créé le projet d’influenceur Incognito au début de la Fashion Week de New York cette année avec l’idée de faire naître un influenceur produit par l’IA qui serait capable d’investir le monde de la mode parisienne derrière nos écrans et de vivre, au travers de son regard, toutes les différentes expériences de la Fashion Week.

À partir de là, nous avons tenté de décrypter certaines des tendances de la semaine de la mode et de les intégrer dans le storytelling que nous donnons à cet influenceur. La notion d’incognito est assez paradoxale, car le but de la plupart des influenceurs est justement d’être reconnu. Et dans ce cas, nous voulions obtenir une sorte d’influenceur outsider du luxe qui infiltre le monde de la mode du mieux qu’il peut.

D’où vient cette idée d’un outsider de la mode ?

Chaque année, nous collectons des informations et publions un rapport sur les fashion weeks. L’idée était donc de les regarder depuis le premier rang et de rendre compte de notre observation d’une manière plus ludique que ce que nous faisons habituellement à travers nos cahiers de tendances.

Nous souhaitions également tester l’IA, car il s’agit d’une technologie en plein essor. Nous voyons apparaître de plus en plus d’influenceurs produits par l’IA et nous désirions essentiellement tester et explorer cette technologie, d’où le vocable de « projet » derrière « Incognito influencer ».

AI influencer : the Incognito influencer project
Image tirée du projet Incognito AI influencer, un influenceur du luxe dans le monde la mode se serait-il statufié ?

Influenceurs virtuels vs. réels : quels avantages ?

Je pense que les influenceurs virtuels sont peut-être un peu plus dociles que les influenceurs réels. Ils n’ont pas de caprices ni d’exigences et ne demandent pas de voyager en première classe, par exemple. C’est également un dispositif intéressant pour l’industrie du luxe, qui aime conserver la maîtrise des opérations. Avec un influenceur IA, tous les paramètres sont contrôlables. Par ailleurs, nous étions à la recherche d’une preuve de concept. Le but était de créer un compte d’influenceur sans abonnés, ni activation publicitaire. Nous avons travaillé uniquement de manière « organique » et nous avons reçu un accueil formidable de la part de tous les abonnés à notre compte.

Cette approche créative est-elle de l’art ?

Nous voulions créer un personnage tout à fait autofictionnel. Il y a l’auteur, le personnage lui-même – tous ces éléments ne forment qu’une seule et même personne. Cela nous ramène aux premiers travaux de Stéphane, qui avait créé un film présenté au Centre Pompidou à Paris – dans le cadre du Mobile Film Festival – un film de 30 minutes intitulé Autofiction (voir un extrait ci-après).

Cette démarche est liée à un type de travail qui nous est cher. Nous ne voulions pas d’un influenceur qui fasse la chasse aux abonnés. Nous sommes plus intéressés par la narration qui accompagne son personnage lorsqu’il passe d’un défilé de mode à l’autre. Il ne s’agit pas de créer un individu parfait. Mais au contraire de donner vie à un grand nombre de personnages fictifs et de situations virtuelles différentes.

Des marques ont-elles manifesté de l’intérêt pour ce projet ?

Oui, certaines nous ont contactés. Je n’ai pas le droit de vous dévoiler des noms à ce stade. Ce sont des personnes intéressées par le concept et qui ont dû remarquer l’ironie qui s’en dégageait. Nous espérons pouvoir faire équipe avec des marques jeunes qui n’ont pas nécessairement la puissance des grandes marques de luxe du moment. Il sera intéressant de voir comment nous pourrons peut-être établir des partenariats avec ces marques plus jeunes et mettre en avant leur travail.

Picture taken from the Incoginto AI influencer project
Un influenceur IA dans le luxe — image issue du projet Incognito AI influencer project

Comme décrire votre audience ?

Nous avons constaté que nous disposons d’un large éventail de données démographiques différentes. Il y a la génération Alpha et la génération X qui nous suivent, et entre ces deux-là, tout un éventail de classes d’âge. Il s’agit principalement d’hommes (60 %), mais en dehors de cela, toutes sortes de groupes d’âge et de régions du monde nous suivent.

Les influenceurs virtuels ont-ils un taux d’engagement plus élevé que les influenceurs réels ?

L’accueil a été bon jusqu’à présent. Nous avons eu environ 100 000 impressions et 350 commentaires. Nous avons également reçu un grand nombre de commentaires positifs. Nous avons réussi à réunir ce que nous appelons « le club des 100 » – les 100 abonnés (« followers ») les plus engagés, à la fois sur Instagram et sur le compte LinkedIn de Stéphane.

Comment décririez-vous un influenceur dans le monde d’aujourd’hui ?

Si l’on considère les influenceurs traditionnels aujourd’hui, ils sont devenus extrêmement sujets à la monétisation. Beaucoup d’entre eux suivent ce moule très spécifique – si vous passez de l’un à l’autre, il est très difficile de les différencier. Il y a bien quelques exceptions, mais dans l’ensemble, c’est devenu assez banal et un peu superficiel.

Il est temps de repenser ce qu’est l’influence

Nous pensons qu’avec les images générées par l’IA, il est possible de créer un personnage qui a beaucoup plus de choses à dire, dont les opinions sont plus variées. Les influenceurs d’aujourd’hui sont souvent moins francs qu’ils ne l’étaient dans le passé parce qu’ils ne veulent pas manquer leur invitation VIP à un dîner ou autre raout. Je pense donc qu’il est peut-être temps de repenser ce qu’est l' »influence ».

Quelle distinction entre influenceur virtuel et faux profil ?

Un faux profil est une personne qui essaie de vous induire en erreur.

L’idée même d’un influenceur virtuel est qu’il doit être très clair sur le fait qu’il n’est pas réel et qu’il n’essaie pas de vous induire en erreur d’une manière ou d’une autre. Il est très important d’être transparent et de dire immédiatement « Je suis un influenceur virtuel ». Il s’agit d’un personnage fictif, et non d’une fausse personnalité qui essaie de se faire passer pour quelqu’un d’autre ou d’utiliser un visage qui n’est pas le sien pour gagner en popularité.

Dans le cas du projet d’influenceur incognito, l’idée était de prendre le visage de Stéphane Galienni à partir d’une photo d’identité et de le coller dans toutes les images générées par l’IA. C’est le vrai Stéphane, mais il s’intéresse à un environnement différent avec un autre type de vêtements. Son apparence est constante, ce qui manque parfois à d’autres influenceurs d’IA.

De l’utilisation des bots par les influenceurs

Les comptes bots existent depuis très longtemps. Cependant, ils n’apportent aucun engagement réel à un compte, car il s’agit de fausses personnes, qui n’interagissent pas réellement avec votre contenu. Le fait d’avoir un grand nombre d’abonnés peut en tromper certains, mais la plupart des gens savent que si vous avez un très grand nombre de followers mais que vous n’avez pas d’engagement, pas de commentaires et pas de likes, c’est qu’il y a probablement quelque chose d’un peu louche sur votre compte. Notre idée était différente. Il ne s’agissait pas d’obtenir une couverture médiatique importante ni de gagner des abonnés afin d’obtenir des billets gratuits pour un événement.

L’idée était d’expérimenter et d’être authentique

Quel avenir pour ce projet ?

Le temps nous le dira. Tout d’abord, il faut beaucoup d’énergie pour être créatif sur une base régulière. Non seulement vous générez 1 à 3 images par jour, mais vous devez garder à l’esprit que derrière une image, il y a peut-être 50 essais avant de trouver la bonne. Mais nos audiences sont vraiment impatientes de voir où cela va nous mener, et je pense que tout est ouvert à ce stade. Nous croyons sincèrement que nous pouvons faire quelque chose de très créatif et de très spécifique à l’ADN de chaque marque, parce que l’idée de créer quelque chose à partir de zéro est que vous pouvez vraiment essayer de suivre les codes de la marque et ses palettes de couleurs.

Les possibilités sont immenses et nous faisons partie de ceux qui pensent que la technologie est vraiment extraordinaire. Notre parti pris est de jouer et de voir comment cela se passe.

En conclusion, quelques réflexions sur ce projet AI Influencer

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Les influenceurs virtuels sont légion sur Internet mais cela ne va pas toujours dans le sens de l’authenticité. 

L’avènement des influenceurs de l’IA soulève certainement des questions sur la façon dont l’authenticité est définie dans le paysage numérique d’aujourd’hui. L’idée qu’un influenceur IA puisse représenter l’authenticité et la transparence remet en question nos perceptions de ces concepts. Peut-être devra ons-nous regarder au-delà des éléments tangibles pour évaluer la crédibilité d’un influenceur. Le scepticisme à l’égard de la technologie est toutefois présent, à un moment où les « deep fakes » envahissent le monde numérique. Tout ceci rend l’évaluation critique des sources d’information primordiale. À l’avenir, nous espérons que les influenceurs de l’IA représenteront la réinvention d’un média, plutôt qu’un catalyseur pour une campagne de désinformation.

Jackson Rose

Jackson Rose

I am an Environmental Studies major at Seattle University and I worked as a junior content writer for visionarymarketing.com. ________ Je suis étudiant en études environnementales à l'université de Seattle et j'ai travaillé comme rédacteur de contenu junior pour visionarymarketing.com. More »

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