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Dématérialisation des titres papier

La virtualisation ne concerne pas que les paiements par carte, il y a également la dématérialisation des titres papier (bons d’achat, les chèques cadeaux, bons cadeaux et tickets restaurant). Pour mieux comprendre ce marché, j’ai interviewé Olivier Riquet, DG de Global POS sur son stand de Paris Retail Week.

Dématérialisation : encore 60 % de titres papier en France en 2023

Olivier Riquet nous a éclairés sur la dématérialisation des titres papier. Un marché à 3 milliards d’euros qui a beaucoup à gagner de la dématérialisation. Pourtant, 60 % de ces titres sont encore en papier. Le poids des habitudes est bien lourd.
Olivier Riquet nous a éclairés sur la dématérialisation des titres papier. Un marché à 3 milliards d’euros qui a beaucoup à gagner de la dématérialisation. Pourtant, 60 % de ces titres sont encore en papier. Le poids des habitudes est bien lourd.

Ce marché des titres papier est méconnu et pourtant énorme

Ce marché englobe les chèques cadeaux, cartes cadeaux, bons d’achat et titres restaurant. Rien que pour les chèques et cartes cadeaux, c’est un marché estimé à plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il s’agit d’un marché essentiellement B2B, qui représente 70 % des volumes. En effet, en France, les comités d’entreprises (CSE) ont l’obligation légale de disposer d’un budget d’œuvres sociales en plus de leur budget de fonctionnement. Ce budget, qui est fixé à un pourcentage (0,20 ou 0,22 % du CA en fonction de la taille de l’entreprise) sert en quasi-totalité pour offrir du pouvoir d’achat aux collaborateurs en fin d’année. Ils réalisent cela au travers de chèques cadeaux et de cartes cadeaux mono ou multienseignes qu’ils distribuent aux employés.

Combien reste-t-il encore de papier sur ce marché ?

Ce marché se dématérialise vite, mais il reste encore beaucoup de papier parce que les chèques-restaurant sont facilement distribuables aux amis, à la famille. Ils sont également plus aisément encaissables par les restaurateurs. On ne peut théoriquement les utiliser que pour 25 € par jour, mais certains restaurateurs ferment les yeux. Avec la dématérialisation, le paiement est effectivement bloqué à 25 €. Le cadre législatif est en train d’évoluer et il existe aussi une volonté de pousser à une consommation plus responsable. La dématérialisation participe également à un objectif de décarbonation.

Dématérialisation titres papier
La dématérialisation des titres papier permet la lecture immédiate du chèque en caisse, sa vérification, sa validation et la remontée instantanée de cette information — Image produite avec Midjourney

En attendant, les commerçants doivent bien faire avec le papier qui reste et tous les problèmes associés (lourdeur des processus de traitement, réconciliation et vols)

La chaîne de remontée d’information entre un commerçant qui encaisse un chèque, qui remonte vers un émetteur puis réalise le remboursement du commerçant est très longue. On observe énormément de manipulations, de risques de fraude, de perte et de vol, sans oublier l’inertie de remboursement de l’avance de trésorerie.

La dématérialisation des titres papier permet la lecture immédiate du chèque en caisse, sa vérification, sa validation et la remontée instantanée de cette information. Enfin, elle permet la télécollecte sur les serveurs des émetteurs, accélère le remboursement et sécurise tout le processus. Cela permet aussi au service comptable de réconcilier les différentes transactions beaucoup plus rapidement et de faire la compensation comptable de façon sécurisée.

Comment faites-vous pour traiter ce papier ?

Nous avons mis au point une solution technologique et nous nous sommes entendus avec les émetteurs pour créer une norme et un code à barres qui nous permettent immédiatement de venir lire ce chèque. Une fois le chèque lu, nous allons contrôler sa date de validité et son montant, et nous allons vérifier que le chèque n’est pas frauduleux en comparant les données de l’émetteur avec celles du commerçant. Ceci permet de sécuriser cette information instantanément. Notre système permet ensuite de l’envoyer sur le serveur de l’émetteur, qui procède enfin au remboursement du commerçant.

Où sont situées les bases de données et à qui appartiennent-elles ?

Nous sommes juste une passerelle qui fait remonter l’information. La base de données est chez l’émetteur. Ce dernier va vérifier que l’information qu’on lui remonte est bien en provenance d’un chèque qu’il a émis. Nous réalisons tous ces échanges. Nous sommes basés à Montpellier et nos serveurs sont localisés en France.

Cela présuppose un accord en amont avec tous ces émetteurs

Nous avons en effet signé des accords contractuels avec les émetteurs et bien sûr avec les commerçants qui sont accepteurs de ces solutions. Nous couvrons 100 % des émetteurs nationaux qui émettent ce genre de titres et plus de 80 enseignes, leaders sur leurs marchés qui travaillent avec nous pour la dématérialisation de leurs titres, notamment les chèques cadeaux.

Quel est le pourcentage de titres dématérialisés à ce jour ?

Ces dernières années, tout s’accélère. Néanmoins, on estime que la part du papier est encore de l’ordre de 60 %, quel que soit le segment, même si cela va un peu plus vite sur le ticket restaurant et que le chèque cadeau suit le mouvement. Mais le papier est encore prédominant et il lui reste encore quelques années devant lui.

La France est en retard, comme toujours, sur les pays anglo-saxons et notamment les États-Unis où tous les titres papier sont quasiment dématérialisés. Quand on zoome sur l’Europe, on est dans la moyenne, ni en retard ni en avance. Mais les consommateurs réclament également moins de papier et plus de fonctionnalités. Avec la dématérialisation, on ne peut plus perdre son carnet. Tout est importé dans son terminal mobile, c’est plus facile.

Pourquoi en sommes-nous encore à 60 % de papier si la dématérialisation est si bénéfique pour tous ?

Tous les acteurs du marché ont leur part de responsabilité, mais surtout aux consommateurs finals. Ils sont encore très friands du papier du fait de la commodité à distribuer les titres et à dépasser les sommes autorisées dont j’ai parlé plus haut.

Peut-on aussi offrir des cadeaux en cryptomonnaies ?

C’est exact ! Nous avons lancé il y a quelques années une solution logicielle qui permet aux distributeurs d’accepter de la cryptomonnaie de manière sécurisée. Ils sont bien entendu payés en euros. C’est encore de l’ordre du symbole et de l’image. Mais certains commerçants en ont besoin, notamment les grandes chaînes de magasins parisiens qui peuvent avoir des clients étrangers qui désirent payer en crypto. Ce moyen de paiement est donc nécessaire. Cela se développe, car on estime que 10 % de la population française est porteuse de cryptomonnaie. Le pourcentage de ce type de paiements est encore très faible, mais on a observé quelques règlements assez surprenants d’achat de voitures en cryptomonnaie et d’achats plus classiques.

Quand vous aurez dématérialisé tous ces titres papier, serez-vous au chômage ?

Nous avons déjà prévu la phase suivante et envisageons les relais de croissance après la fin du papier. Nous travaillons sur l’émission directe de bons de réduction immédiats 100 % digitaux.

Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »

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