LinkedIn : le vrai-faux du plus grand réseau social professionnel
Voici notre second épisode des Vrai-Faux du marketing : après avoir décortiqué les idées reçues des réseaux sociaux avec l’incontournable patron de Jamespot, Alain Garnier, nous retrouvons cette fois-ci un véritable expert de LinkedIn, Bruno Fridlansky, auteur du livre Linkedin, développez votre professional branding, aux éditions kawa. Tout comme Alain, Bruno ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à qualifier de « professional branling » l’utilisation de LinkedIn pour accumuler les contacts sans chercher à nouer de relations. Car on aurait tendance à oublier l’utilisation originelle de LinkedIn : construire un réseau, rester en contact, mettre en avant ses compétences en interagissant de façon individuelle et personnalisée. En 6 affirmations, Bruno nous dresse le portrait de LinkedIn, sans hésiter à casser certaines idées reçues :
#1 : LinkedIn est le seul réseau professionnel sur internet
« FAUX. Il est vrai qu’il s’agit du réseau professionnel majeur dans un cadre B2CEn réalisant ce glossaire Visionary Marketing s'est heurtée de front à un problème de taille : faut-il écrire BtoB ou B2B ? et B2B, et sur lequel tout le monde est : il y a plus de 400 millions de membres au niveau mondial.
En revanche, on peut sortir de Linkedin pour faire du business, par exemple en utilisant Facebook et Twitter à titre professionnel, et même d’autres réseaux comme Instagram et Snapchat. En France, on a eu un réseau professionnel, Viadeo. Je ne sais pas ce qu’ils vont devenir, ils existent encore mais c’est compliqué. En Allemagne, il y a Xing (« X » pour cross) : si l’on fait des affaires sur l’Allemagne, il faut aussi avoir un profil sur Xing. » Donc non, Linkedin n’est pas seul sur terre, mais il n’est de plus en plus.
#2 : Aujourd’hui, tout le monde est obligé d’avoir un compte Linkedin
« VRAI, c’est mieux si l’on est dans un cadre où l’on utilise les relations humaines et le networking. Le digitalDéfinition marketing digital, un terme utilisé en permanence et pourtant bien mal compris car mal défini va être un élément supplémentaire pour développer le réseautage, donc il le faut parce que la majorité du monde y est.
Même si l’on n’est absolument pas dans le networking, j’aurai tendance à dire que c’est bien de faire un profil pour préempter son nom et prénom, et ne pas risquer un éventuel vol d’identité. »
#3 : Linkedin est plus qu’un simple CV en ligne
« VRAI. C’est un CV lorsque l’on cherche un travail, mais surtout un endroit où on va pouvoir exprimer son expertise : exprimer son expertise, c’est aussi attirer des futurs employeurs, des partenaires, tout ce qui va nous permettre de développer notre professional branding. Et c’est surtout un lieu où l’on va nouer des relations humaines avec d’autres professionnels pour développer son business. Donc on est largement au-delà du CV, même si aujourd’hui, LinkedIn a la majorité de son chiffre d’affaires fait par le côté RH avec les chasseurs de tête, les agences de recrutement qui vont l’utiliser pour remplir leur mission. » Pour en savoir plus sur l’utilisation RH de LinkedIn, n’hésitez pas à consulter un témoignage de Joëlle Walraevens, spécialiste dans ce domaine.
#4 : L’importance sur Linkedin, c’est d’avoir le plus de contact possible
« FAUX. Si je veux être vulgaire, avoir le plus de contacts possible, courir après les contacts, c’est avoir la plus grosse. En plus cela n’a aucun intérêt, c’est du « professional branling » à ce niveau-là. Le seul intérêt d’avoir un minimum de contacts, c’est que cela nous ouvre des portes pour toucher plus de gens, avec la notion de niveau 1, niveau 2, niveau 3. On a accès à plus de contacts pour pouvoir nouer des relations. L’important, c’est de définir un objectif, l’objectif qu’on va se donner dans l’utilisation de Linkedin et de mettre des contacts cohérents avec notre ligne éditoriale, avec notre business.
Donc la course aux contacts n’a aucun sens sur Linkedin, sachant qu’aujourd’hui il y a une limite à 30.000 qui est mise. Déjà, 30.000 contacts c’est énorme, alors quand on voit des gens se glorifier car ils en ont plus d’un million… je ne vois aucun intérêt. »
#5 : Les commerciaux peuvent utiliser Linkedin comme un annuaire de prospects
« VRAI, c’est l’utilisation qu’on peut avoir de Linkedin dans un cadre business, on va aller détecter des prospectsUne activité incontournable car les entreprises B2B perdent entre 5% et 15% de leurs clients chaque année, et on va prendre contact avec eux. On va nouer une relation avec eux, et essayer de les rencontrer dans la vraie vie pour aller faire des affaires. On ne signe pas un bon de commande sur Linkedin. C’est un annuaire qui est beaucoup plus digital, qui va remplacer notre fameux Rolodex, on va avoir des cartes de visite digitales sur Linkedin toujours à jour. On peut suivre l’activité de nos prospects et avoir de l’information sur eux pour pouvoir prendre contact en s’intéressant à eux, et donc effectivement développer par là même son business. » A condition de ne pas utiliser LinkedIn comme outil de spam et de hard-selling… En effet, LinkedIn doit être utilisé de façon humaine, et les messages automatisés n’y ont pas leur place. C’est l’exercice du Social SellingLe social selling consiste à utiliser les réseaux sociaux à des fins commerciales., où les réseaux sociaux servent les commerciaux dans leur travail de vente et de prospection (Sophie Lachkar nous l’explique très clairement dans ce billet).
#6 : Le rachat de Linkedin par Microsoft, c’est une superbe nouvelle
« Mmh Frau ? Oui et non. Je ne suis pas dans la stratégie des patrons de Linkedin et de Microsoft donc mon avis n’intéresse que moi. Néanmoins, si je regarde cela en tant qu’utilisateur, je suis un peu gêné car LinkedIn a encore des lacunes en réelle connaissance du social et des réseaux. Il y a des aberrations pour moi : prendre contact avec quelqu’un en rendant optionnel la personnalisation d’un message, ça n’existe pas dans la vraie vie, donc ça ne devrait pas exister sur Linkedin.
Il y a de nombreux petits détails qui font qu’aujourd’hui, il faudrait une grosse couche sociale sur Linkedin. Et Microsoft, c’est des techos. Microsoft, a racheté Nokia, on connaît la suite… ils ont racheté Yammer, ce n’est pas devenu incontournable, ils ont racheté Skype, ce n’est pas non plus devenu incontournable. Ils ont quand même fermé MSN en disant que le message direct (ou messenger) ça ne marchera pas, l’avenir leur a donné tort. Il manque une dimension également sociale à Microsoft, donc je suis un peu partagé sur l’apport que ça va donner à Linkedin. » Cela ne devrait toutefois pas empêcher LinkedIn de garder sa place de leader solide des réseaux sociaux professionnels. Et si Microsoft est prêt à investir massivement pour le rachat de Twitter, c’est qu’une véritable stratégie englobant les médias sociaux est en marche chez le géant du Software. Pour le bonheur des utilisateurs ?
Pour moi c’est bien une super nouvelle, et de loin !