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Aurélie Jean s’est donné pour mission de démystifier l’IA lors de sa keynote d’ouverture de la 5e édition de la conférence Ready for IT à Monaco le 14 mai 2024. La tâche est immense. On entend en effet beaucoup de bêtises sur ce sujet et certaines assertions qui sèment la panique dans la population à qui on promet de voir la disparition massive des emplois. Ces annonces sont apocalyptiques et erronées selon la chercheuse française qui enseigne au MIT Sloan school of Management. Elle voit dans ces annonces le signe que « pour la première fois, les cols blancs sont touchés par l’innovation ». Selon elle, c’est pour cela que la panique s’installe.
Le travail à l’ère de l’IA : démystifier l’intelligence artificielle
Il est difficile de démystifier l’IA
Démystifier l’IA est un travail délicat. Il semblerait que ceux qui comprennent le mieux le sujet soient aussi ceux qui essaient d’en nuancer l’impact. De l’autre côté, les réactions sont extrêmes : d’une part de l’émerveillement pas toujours justifié, et de l’autre une panique qui ne l’est pas plus.
Démystifier l’IA et les annonces à l’emporte-pièce
Pour illustrer son propos, Aurélie Jean a cité quelques phrases récoltées ci et là dans la presse, sans pour autant en nommer les auteurs.
« Les lA sont racistes et sexistes »
« Les lA vont exterminer les humains »
« Les lA auront des émotions »
« Les lA vont remplacer les hommes »
« Les robots devraient avoir des droits »
« Les lA seront conscientes de leur existence »
…
Autant d’assertions fausses et nocives selon la présentatrice.
Distinguer IA implicites et explicites
Il faut d’abord apprendre à distinguer les différents types d’IA, nous a confié Aurélie Jean. D’un côté les « IA explicites » (à base d’arbres de décision, d’équations, de calculs, comme les prévisions météo). Et de l’autre côté les « IA implicites », à base de machine learning, par exemple.
On pourrait d’ailleurs commencer par cesser d’utiliser ce terme d’IA, qui est un mot-valise qui recouvre tant de réalités diverses. Hélas ! Il est bien trop pratique et entré dans les mœurs pour disparaître à court terme.
Avant tout savoir à quoi l’IA peut servir
Mais pour commencer il faut savoir à quoi l’IA peut nous servir ajoute la chercheuse qui est aussi entrepreneuse et à la tête de deux entreprises, In Silico Veritas, une agence de développement, et Infra, une start-up dédiée à la détection par l’IA.
Selon elle, l’IA peut nous aider dans cinq directions différentes :
- Résoudre un problème
- Anticiper ou prédire un événement
- Recommander un contenu
- Automatiser une tâche
- Comprendre des phénomènes que l’on ne saisit pas intuitivement.
On peut trouver, en cherchant un peu, un grand nombre d’usages complémentaires [synthétiser ou traduire un texte, produire ou retoucher une image, etc.]. Mais on voit bien que le but de ces tâches n’est pas de remplacer l’homme.
Ne pas raisonner métier, mais penser tâches
Parmi les incompréhensions, selon Aurélie Jean, il y a la confusion entre les métiers et les tâches.
Il ne faut pas parler de l’influence de l’IA sur les emplois dans la globalité, mais davantage des tâches constitutives de ces métiers. Car l’IA intervient sur des tâches spécifiques.
C’était d’ailleurs la teneur de la recommandation du rapport envoyé au gouvernement début 2024 et que nous avons analysé sur ce point.
Intelligence ou intelligences ?
À la base, la chercheuse nous enjoint de réfléchir à l’intelligence comme un ensemble de 3 composantes. La composante analytique [celle qui est à la base du calcul du QI], l’émotionnel et l’élément pratique [ou bon sens].
Ce sens pratique est sans doute ce qui est le plus important pour l’humain. Car il comprend l’instinct et l’intuition, deux éléments qui feront toujours défaut à l’IA selon la présentatrice.
Pour cela elle nous renvoie aux travaux de Robert Sternberg [vision triarchique de l’intelligence, 1988]
Démystifier l’IA et repenser le travail
En définitive, si les annonces les plus délirantes circulent tant autour de l’IA, c’est que « l’innovationL'innovation va de la compréhension (intuitive ou non) du comportement de l’acheteur à la capacité d’adaptation à l'environnement touche les cols blancs pour la première fois », nous dit Aurélie Jean, « et que c’est pour cela qu’ils paniquent ».
Ce n’est probablement pas la première fois que les « travailleurs du savoir » [ou knowledge workers] sont impactés par l’innovation technologique [demandez aux secrétaires ce qu’elles en pensent, par exemple]. Cependant, on ne peut nier l’ampleur des changements en cours.
Une occasion rêvée pour repenser le travail nous a dit Aurélie Jean. Et là aussi il y a besoin, car il faut retrouver le sens du travail. Un sens qui fait défaut dans les entreprises et qui est à la source de beaucoup de maux.
En conclusion, formez-vous et restez calmes
La première chose à faire, nous recommande Aurélie Jean, c’est de chercher à comprendre : « Utiliser l’IA sans comprendre de quoi on parle quand on évoque l’intelligence, c’est déjà un problème », nous a-t-elle dit. Elle nous recommande également de « ne jamais utiliser de termes que l’on ne pourrait pas expliquer soi-même ». Pour cela il faut se former, s’informer et se méfier du buzzLes recommandations, le marketing du bouche à oreille et les réseaux sociaux pour être incontournable..
Il ne faut jamais utiliser de termes que l’on ne pourrait pas expliquer soi-même
Des conseils frappés au coin du bon sens qui fait tant défaut aux IA génératives et aux technolâtres, surtout le jour où OpenAI lance sa nouvelle version encore plus révolutionnaire que la précédente.
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