Outils de travail collaboratif : où en sont les entreprises françaises ?
Où en sont les entreprises françaises dans leur déploiement des outils de travail collaboratif ? Visionary Marketing était, le jeudi 28 janvier, à la présentation de l’étude annuelle sur les réseaux sociaux d’entreprise (RSE) réalisée par Lecko depuis maintenant 8 ans. Cette étude est un excellent moyen d’observer le niveau de transformation digitale dans les entreprises françaises : si tous les outils sont à disposition pour apporter de la transversalité et de la collaboration aux entreprises, il y a souvent une opposition au changement au sein de l’entreprise, et l’outil en reste finalement au stade d’expérimentation. Nous avons pu parler de ces problèmes de transformation culturelle avec Arnaud Rayrole, CEO de Lecko, dans une interview que vous pourrez lire après les principaux points que nous avons retenu de cette étude.
Outils de travail collaboratif : où en sont les entreprises françaises ?
1 – Les managers perçoivent l’apport des outils de collaboration
Cette étude a été réalisée avec OpinionWay auprès de 850 managers dans des entreprises de plus de 5 000 salariés. Le premier enseignement de cet étude est encourageant : sur ces 850 managers, 88%, soit près de 9 managers sur 10, disent comprendre la stratégie numériqueDéfinition marketing digital, un terme utilisé en permanence et pourtant bien mal compris car mal défini de leur entreprise. Mieux encore, 93% des managers imposent aux collaborateurs de progresser en permanence pour s’adapter à l’évolution des contextes opérationnels ! Qu’en est-il alors du RSE ? Comme vous pouvez le voir ci-dessous, plus de 7 managers sur 10 sont d’accord avec des affirmations telles que « les RSE facilitent la circulation de l’information dans l’entreprise », « les RSE facilitent l’entraide » et « l’émergence d’idées originales », et environ 6 manager sur 10 perçoivent l’intérêt du RSE dans la recherche de coordination, la détection des problèmes et la montée en compétence des équipes. Ces pourcentages sont certes moins alléchants que ceux vus précédemment, mais signifient tout de même qu’une majorité de managers voient dans le RSE un moyen de gagner en productivité. Qu’en est-il de l’adoption concrète du RSE ?
2 – …Mais ne poussent pas l’utilisation du RSE dans l’entreprise
Cette statistique est un retour à la réalité un peu brutal et marque la différence entre la volonté apparente et la mise en oeuvre concrète : seulement 25% des managers utilisent leur RSE tous les jours. Alors que 58% des grandes entreprises utilisent un RSE, c’est une large moitié des managers qui n’utilisent pas ou sous-exploitent un outil de transformation digitale pourtant mis à leur disposition. Cela traduit donc une problématique régulièrement évoquée au cours de cette présentation (et souvent répétée sur notre blog et auprès de nos clients) : avant de passer par l’outil, la transformation digitale passe tout d’abord par un changement culturel au sein de l’entreprise.
3 – Malgré tout, l’utilisation du RSE continue à progresser
Il serait dommage de rester sur une note négative, car il y a toutes les raisons de penser que l’utilisation active et régulière des RSE va se généraliser : on constate une augmentation du nombre d’utilisateurs de RSE de 15%, mais également un taux d’engagement en augmentation (+15%). De plus, les managers utilisant un RSE sont relativement jeunes (35-40 ans), ce qui laisse présager une généralisation de cet usage au fur et à mesure des années.
Pour aller plus loin…
Nous avons interrogé Arnaud Rayrole, afin de répondre à certaines questions suscitées par les résultats de l’étude. Le patron de Lecko nous a notamment éclairé sur les raisons pour lesquelles les managers peinent à imposer le changement au sein de l’entreprise.
Quelle est l’évolution du marché ?
Nous n’avons pas mesuré le chiffre d’affaires du marchéLa notion même de marché B2B ou B2C est au cœur de la démarche marketing. Un marché est la rencontre d'une offre et d'une demande dans cette étude car nous considérons qu’aujourd’hui le social est tellement présent dans le marché du software que les mesures que l’on avait sur les études précédentes n’étaient pas représentatives. Ce que l’on constate néanmoins, c’est que les usages progressent dans les entreprises, d’environ 15%. On observe également un grand dynamisme des acteurs du marché qui continuent à innover. Ce marché du social software était une niche, mais désormais se dilue dans celui de la collaboration.
Ce marché des outils de travail collaboratif n’est donc toujours pas prêt de se consolider…
Je ne pense pas qu’il se consolidera. Si les briques d’infrastructures deviennent interopérables, il peut y avoir une consolidation à ce niveau. Mais on gardera cet émiettement des solutions, dans un modèle ressemblant plus aux apps qu’aux logiciels. Il n’y a pas vraiment de pression économique dans ce marché. Une solution peut être tenue par uniquement deux personnes, car il ne s’agit pas encore d’une haute technologie. En revanche, le niveau technologique augmentera quand des modules d’analyse de données seront intégrés à ces logiciels. IBM, Oracle et Microsoft vont très certainement investir massivement dans ces outils d’analyse.
Cette étude avance que la culture est plus importante que le RSE lui-même. On peut donc prendre n’importe quel RSE ?
Nous le disons dans un contexte donné : actuellement, les entreprises sont largement en mesure de s’outiller, mais ont une véritable difficulté à se mobiliser autour du changement culturel. Le problème, ce qui ralentit les entreprises et les empêchent d’aller au delà de l’expérimentation, c’est le changement comportemental : les managers doivent appréhender différemment l’information, prendre des décisions, gérer les compétences de leurs collaborateurs.
Les managers ont-ils peur du changement ?
Les managers ont été façonnés dans un monde et une culture donnés et ont adopté ces codes. Ils ont réussi à être performant et ont été promus grâce à l’adoption des bons codes. Aujourd’hui, on leur demande de revoir tout cela, et de changer ces codes. Cela est donc compliqué pour eux car c’est un déracinement : l’humain n’est pas à l’aise quand on lui change son environnement. Il y a malgré tout une partie des managers qui comprennent ces changements et les voient comme une opportunité de développer leur carrière et se lancer sur des projets intéressants.
Bientôt, toutes les entreprises auront des outils de travail collaboratif. Le mail va t-il mourir ?
Non, il a encore un atout que sont très loin d’avoir les RSE, c’est qu’il est universel. Un mail peut être échangé avec n’importe qui, quelles que soient les technologies. De plus, la notion de message d’une personne à une autre n’a aucune raison d’être remise en question. En revanche, l’outil de gestion central qui sert à la fois à coordonner les activités, partager les documents, recevoir de l’information est dépassé, car nous sommes dans une logique de pile. Imaginez que le matin vous ouvrez votre boîte aux lettres et vous sortez 200 lettres : vous ne les lisez plus. C’est ce qui se passe avec le mail qui est adapté à la base pour lire quelques éléments, et qui se retrouve maintenant l’outil d’une logique de flux. L’email est donc amené à se repositionner.
Dans cette étude, la notion de leader fait son apparition. Combien de messages dois-je envoyer par jour pour être un leader ?
Ce n’est pas notre indicateur : un leader est une personne qui va utiliser les outils de RSE de manière équilibrée. N’est pas un leader quelqu’un qui va poster beaucoup d’informations, régulièrement sans créer de conversation ou d’engagement. Un leader est dans l’échange, consomme l’information de manière active, en « likant », en partageant, la commentant, ne serait-ce que pour accuser réception, pour remercier la personne qui a publié. Ces personnes le font avec une régularité dans le temps : nous mesurons cela sur 3 mois.
Pour plus d’informations téléchargez le rapport lecko en cliquant sur ce lien : http://referentiel.lecko.fr/publications/rset8/