Communication digitale : la preuve par l’exemple à Media Aces
La communication digitale c’est bien dans les livres mais c’est encore mieux avec la preuve par l’exemple. A l’occasion de la sortie du livre « La communication digitale expliquée à mon boss », co-écrit par Hervé Kabla et Yann Gourvennec, Media Aces a organisé ce jeudi 14 novembre une conférence dans les locaux du MBA ESG, à laquelle participaient plusieurs experts ayant témoigné dans le livre.
Communication digitale : la preuve par l’exemple à Media Aces
La sphère de la Communication Corporate, compte – en 2001, source IFOP – 110 000 professionnels, dont 14.5% sont impliqués dans la Communication Digitale, soit environ 16 000 personnes. On peut raisonnablement imaginer que ce total tourne aujourd’hui plutôt autour de 20/25 000 personnes.
Premier à s’exprimer, Philippe Gérard, manager à la Cegos a pris la parole sur les nouveaux métiers de la Communication digitale.
On connait depuis maintenant un bon moment les webmaster, media planner, traffic manager, référenceur, curateur, webmarketeur, blogueur : chacun apporte sa pierre à l’édifice depuis quelques années voire quelques décennies.
Aujourd’hui, il faut repenser les schémas classiques de la communication. Le principe de Shannon (l’émetteur – l’entreprise – envoie un message au récepteur – le consommateur) s’est inversé : les « messages » vont des récepteurs vers l’émetteur, et encore, quand les « récepteurs » ne parlent pas entre eux de l’émetteur !
A l’heure où tous les métiers sont impactés par le digital (Marketing, Informatique, Communication, CRM, RH, …), on a vu apparaître les métiers de Community Manager et – plus récemment – de Digital ou Social Media Strategist, l’équivalent en Communication « classique » des Chargés de Communication et Directeur de la Communication.
Pour coordonner la Communication Digitale, un nouveau métier est en train de voir le jour, celui de CDO ou Chief Digital Officer (aussi appelé « Head of digital » par les anglo-saxons, et que l’on pourrait traduire par Directeur du digital / du numérique). Et visiblement, il y a un fort besoin : Gartner prédit que 25% des organisations se seront dotées d’un CDO d’ici 2015 ! Et bien entendu, les CDO devront être intégrés aux Comités de Direction. En France, des entreprises comme Total, Yves Rocher, April ou Bouygues ont déjà nommé des CDO.
Les métiers du digital devenant de plus en technologiques et complexes (cf. Big Data), le CDO ne pourra pas tout gérer par lui-même : il aura besoin de s’appuyer sur des Data Scientists (plutôt des profils ingénieurs ou statisticiens) et des Data Analysts (de formation en Marketing), encore deux nouveaux métiers !
Les principales missions du CDO, dont le métier amené à disparaître lorsque le digital sera – réellement – intégré dans les moindres recoins des entreprises, sont multiples :
- Elaborer et appliquer la stratégie digitale globale
- Tracer la feuille de route pour l’ensemble des services impliqués
- Accompagner les managers et les équipes
- Définir les KPI (Key Performance Indicators ou Indicateurs Clés de Performance) et mettre en place un plan de mesure
- Développer les bonnes pratiques
- Repérer les nouvelles techniques / technologies du digital
- Veiller, créer et … développer
Un exemple des défis qui vont accompagner la montée en puissance des CDO, l’Internet Des Objets (ou IOT en anglais pour Internet Of Things), qui est selon Philippe la prochaine révolution du digital.
Pour conclure, il pose la question de la formation à l’ensemble de ces nouveaux métiers, soit via des filières spécifiques à créer (à ce jour, il existe 17 formations en France sur les technologies du Big Data), soit par la formation continue. Une bonne base de réflexion quand on sait qu’il y a déjà pénurie de Data Scientist et qu’aujourd’hui la plupart des CDO sont soit des anciens Directeur du Marketing, soit des anciens Directeur des Systèmes Informatiques, mais que rares sont ceux qui possèdent l’ensemble des compétences requises (marketing, stratégie et informatique principalement) !
Dans le même esprit, Olivier Cimelière, président fondateur de Heuristik Communication, a axé sa présentation sur le nécessaire effort que doivent fournir les dirigeants et manager vis-à-vis de la communication digitale. Et de commencer par évoquer les 6 paradigmes qui changent tout :
Avant | Aujourd’hui |
Top Down | Bottom Up |
Emetteur vers récepteur | Emetteur / Récepteur en alternance |
Info rare / Temps quotidien / chronique | Infobésité / Temps réel / Connectivité |
Incantation (croyez-nous) | Conversation (Convainquez-nous) |
Savoir académique / Experts | Mode collaboratif / peer-to-peer |
Opacité relative | Transparence accrue |
Expliquant que « La com’ à papa », c’est bel et bien fini, Olivier cite plusieurs exemples qui montrent bien que la Communication est entrée dans une nouvelle ère :
- « David à un clic de Goliath » : Edward Snowden vs. la NSA, ou comment un simple « quidam » a mis une pagaille monstre en divulguant quelques informations bien senties à un blogueur influent, ou le passager mécontent de British Airways qui n’a pas hésité à dépenser 1000 dollars pour se payer un tweet sponsorisé jetant le discrédit sur la compagnie aérienne !
- Le développement de mouvements spontanés tels que la page Facebook de soutien au « Bijoutier de Nice », qui a réussi l’exploit d’accumuler 1.4 millions de Like en quelques jours (soit environ 4% des utilisateurs français de Facebook)
- La montée en puissance des plateformes numériques de pétition en ligne telles que Change ou One : la pétition lancée par les parents de Trayvon Martin (un garçon noir de 17 ans abattu le 26 février par un vigile de Floride) pour que l’auteur du meurtre soit incuplé, a recueilli plus de 2.2 milions de signatures en début d’année.
Pour Olivier, les Entreprises ont encore un problème de posture vis-à-vis de la communication digitale : le web social n’est pas juste un « tuyau à communiquer », il leur faut passer du déni à l’écoute active, ce qu’à fait par exemple Nestlé après le bad buzzLes recommandations, le marketing du bouche à oreille et les réseaux sociaux pour être incontournable. « Kit-Kat » en 2010, en s’équipant d’une « Digital War Room ». Mais aussi « penser collaboratif », pour impliquer les consommateurs qui meurent d’envie de s’exprimer !
De même, les Entreprises négligent encore trop souvent aujourd’hui leurs collaborateurs en tant que vecteurs de communication positive : quand 64% des entreprises restreignent l’accès aux réseaux sociaux à leurs salariés, elles devraient savoir que, lorsqu’ils s’expriment sur leur employeur, on constate que la très grande majorité des prises de parole sont positives ! Et nourrissent donc la Marque Employeur à peu de frais…
Sur le même sujet : à une question de la salle sur la nécessité de rédiger une CharteL’éthique du marketing couvre un champ très vaste de thématiques. Il faut tout d’abord voir l’éthique du marketing comme une sous-branche de l’éthique des affaires. d’utilisation des Medias Sociaux, Olivier conseille plutôt de diffuser un guide des bonnes pratiques, plus pédagogique.
Enfin, à l’heure ou le « Storytelling » – développé à partir d’une trame purement marketing – est de plus en plus taxé de « lavage de cerveau », Olivier recommande de plutôt faire du « Storydoing », basé sur des faits concrets et avérés. Je vous conseille à ce propos le récent et très instructif article de Doc News.
Dans un tout autre registre, Jean-Marc Goachet, Responsable communication digitale et web marketing de l’école MINES ParisTech est venu nous parler de la nécessaire digitalisation des établissements d’enseignement supérieur et en particulier des enseignants-chercheurs : il y a à peine trois ans, les écoles et universités se demandaient encore s’il fallait ou non se rendre sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, se pose la question de « comment y aller ».
Jean Marc Goachet de Mines Paritech
Au jour le jour, Jean-Marc s’attache à évangéliser l’utilisation des médias sociaux auprès des enseignants-chercheurs de MINES ParisTech. Pour ce faire, il s’appuie sur une liste de conseils :
#1 : Exister
Cela peut paraitre banal, mais c’est indispensable : les étudiants « googlise » très souvent leurs professeurs et ceux qui ne sont pas présents sur Internet partent avec un handicap à leurs yeux ! De plus, cela permet d’éviter le cybersquatting.
#2 : Publier
« Publish or Perish » : les enseignants-chercheurs ont déjà l’habitude de publier les résultats de leur travaux de recherche, quoi de plus simple que de relayer ses publications sur Twitter ou Google+ par exemple, ou même encore sur des plateformes de publication collaboratives comme Zotero, Mendley ou Openedition par exemple.
#3 : Echanger
Ne pas se contenter de publier de manière « top down », mais en profiter pour susciter les commentaires de son audience pour engager la conversation. Tout en s’adaptant au public : on ne parle pas à des étudiants comme on discute avec d’autres chercheurs !
#4 : Réseauter
Il existe une multitude de réseaux professionnels spécialisés pour les enseignants, comme Scientix, PeerEvaluation, ou ResearchGate. Sans oublier linkedin !
#5 : Contribuer
Tout comme les salariés d’une entreprise, les enseignants-chercheurs sont les meilleurs ambassadeurs possibles de leur école ou université, et peuvent (doivent ?) donc contribuer à la Communication de leur établissement en relayant les valeurs et les messages clés.
#6 : Piloter sa réputation
Pour éviter le discrédit (le web n’oublie jamais), l’enseignant-chercheur se doit d’assumer ses positions – quelles qu’elle soient – en ayant le même discours offline et online. Et donc gérer sa « marque personnelle », sans nuire à celle de son école ou université.
#7 : Enseigner autrement
A l’heure où les étudiants ont leur mobile ou leur PC portable avec eux et n’hésitent pas à vérifier sur wikipédia ce que le professeur vient de dire, et sont habitués à la consommation collaborative, les cours doivent l’être aussi. Terminés les cours unidirectionnels où le professeur fait un long monologue !
Jean-Marc cite l’exemple des « nuggets », des vidéos courtes diffusées à l’attention des élèves quelques jours avant un cours, sur lesquelles les étudiants seront amenés à débattre / argumenter le jour J. Et de prédire que les SPOC (Small Private Online Courses) détrôneront rapidement les MOOC (Massive Open Online Courses) !
#8 : S’ouvrir
Faisant écho à l’Open Source, il existe des plateformes dédiées qui permettent aux enseignants-chercheurs de partager les données dont sont issues leurs travaux, comme par exemple RunMyCode ou MyExperiment. Dans un autre registre, le réseau FING met en relation des chercheurs, scientifiques, experts ou étudiants sur des projets de réflexion sur la place du numérique.
#9 Militer
En participant aux efforts d’ingénierie pédagogique (qui vise à repenser les supports de cours au niveau des 3 unités que sont le temps, de lieu et d’action), et en accompagnant les élèves (toujours en mode collaboratif).
Pour conclure, Jean-Marc a insisté sur le manque de formation des enseignants-chercheurs au digital directement par l’Education Nationale : à combler au plus vite !
En attendant la suite de ce compte-rendu dans un prochain billet de blog, les présentations de ces 3 premiers intervenants sont d’ores et déjà disponibles sur le compte Slideshare de Media Aces :
Marina Tymen, fondatrice de l’agence Influenty, auparavant chargée de l’influence digitale, du community management et des relations presse chez Air France a apporté deux témoignages concrets de gestion de crise.
1. Réponse pro-active de défense de la marque
En novembre 2012, Canal+ diffusait un reportage intitulé « Air France, la chute libre ». Pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elle, la compagnie n’avait pas souhaité intervenir dans le reportage. Mais elle était parvenue à obtenir auprès de la chaîne une copie de l’émission avant sa diffusion, pour pouvoir se préparer aux inévitables commentaires sur le web social le jour J.
Quelques uns des (heureux) acheteursComportement de l’acheteur en B2B : Internet et réseaux sociaux ont bouleversé le comportement de l’acheteur en B2B qui se rapproche du B2C du livre http://amonboss.com
Une vingtaine de tweets avaient donc été pré-écrits, prêts à être envoyés via le compte @AFnewsroom, le compte officiel des actualités d’Air France pendant et juste après l’émission. Dès le début de l’émission, les commentaires acerbes n’ont pas manqué de fleurir sur Twitter. Marina – qui était habilitée à répondre au nom de la compagnie en temps-réel et sans besoin de validation – a donc passé plusieurs heures derrière son écran (pour l’anecdote, jusqu’à 3H du matin !). Elle a utilisé les tweets préparés pour répondre en direct pendant l’émission, en priorité aux influenceurs (journalistes, spécialistes de la communication digitale et/ou de crise, blogueurs influents, qu’elle connait dans leur grande majorité, au minimum via leur présence sur les réseaux sociaux).
Marina Tymen en pleine explication
Les tweets avaient un double but : rétablir les faits via des liens vers des documents concrets et intangibles (et ainsi montrer que l’Entreprise est transparente), mais aussi – et surtout ? – engager la conversation, en adoptant une attitude ouverte, et pas seulement diffuser froidement une information « top down ». En focalisant ses réponses sur des faits et en répondant systématiquement aux Twittos qui se posaient des questions ou remettait en cause sa bonne foi, Air France s’est préservée de la polémique, et a même trouvé des alliés spontanés, dont plusieurs blogueurs spécialistes du digital (très) influents qui ont retweeté les informations diffusées !
2. Veille, réactivité et engagement pendant une crise soudaine
Le déroutement d’un avion d’Air France qui faisait la liaison entre Paris et Beyrouth, le 15 août 2012 (si cela tombe un jour non-férié, c’est moins drôle !) vers l’aéroport de Damas en Syrie (alors non desservi pour les raisons de tensions politiques très fortes que l’on connait) a « offert » à Marina une occasion de montrer son savoir-faire dans la gestion de crise. Quand un tweet du Monde (1.8 million d’abonnés à ce jour !) annonce le déroutement de l’avion, Marina le capte immédiatement via son outil de veille et prévient les services concernés.
Dans un cas comme celui-ci, le temps presse : faute de pouvoir communiquer de manière officielle (toujours via le compte Twitter Newsroom d’Air France), car en attente d’une dépêche AFP contenant plus d’information, Marina engage immédiatement 3 types d’actions, via son compte Twitter personnel, pour faire acte de présence et faire patienter les parties prenantes :
- Rétablissement de l’information : Tweets « Bonsoir, avion dérouté, pas détourné » à ceux qui confondent les deux termes
- Information des parties prenantes : Explication via Twitter de la nécessaire attente de confirmation par l’AFP avant de pouvoir réagir
- Prise d’information sur l’ensemble des personnes qui tweetent sur le sujet : détection des passagers du vol qui se mettent à Live Tweeter l’évènement, et qui fournissent de l’information « live » potentiellement très utile. [Petit aparté : en cas de problème dans un avion, les informations indispensables à tweeter sont le n° du vol, l’aéroport de départ et celui de destination]
En réagissant très rapidement et en faisant preuve de transparence, la compagnie (qui aura à se justifier à maintes reprises par la suite par voie de presse « classique » sur ce déroutement, compte-tenu de la situation économico-politique de la Syrie, mais aussi parce que – conformément à une disposition prévue à l’article L6522-4 du code des transports – le commandant de bord avait alors procédé à un recensement d’avoirs en liquide auprès des passagers pour payer le kérosène) a une fois encore éteint rapidement le « feu » de la crise, et s’est trouvée des alliés parmi les twittos, dont @Shadaomar, journaliste TV libanaise aux 130 000 followers, qui s’est spontanément proposée de traduire les tweets publiés en arabe par les passagers et, inversement, les tweets d’Air France vers l’arabe pour rassurer ses pairs !
Pour conclure son intervention, Marina a donné trois recommandations fort utiles :
- Disposer d’un compte Twitter « newsroom » dédié qui soit identifié comme la voie de l’Entreprise, ce qui permet par ailleurs d’éviter de polluer les autres comptes de la marque
- Apprendre à connaitre et solliciter vos alliés / ambassadeurs et vos communautés, à la fois en amont et pendant une crise
- Former par anticipation et solliciter les experts internes pendant une crise, pour renforcer la crédibilité des messages et le sentiment de confiance des parties prenantes (car comme le dit Marina : « si on ne connait pas bien le sujet, on passe la main ! »).
A la suite de la présentation de Marina, François Pétavy, DG d’Eyeka, plate-forme de mise en relation entre les marques et des créatifs de tous horizons, est venu nous parler de crowdsourcing, ou comment faire appel à des communautés d’individus volontaires pour créer et inventer de nouveau produits ou services. Et fort est de constater que le succès est au rendez-vous, Eyeka pouvant se targuer d’être présente sur 154 pays via 260.000 créateurs (« good ideas have no borders »).
Les membres du site sont alternativement des étudiants en école de design ou de publicité, des freelances, ou des particuliers qui ne peuvent exprimer leur créativité au sein de leur métier par exemple. Il n’est pas question ici de représentativité au sens des études marketingLe questionnaire quantitatif (ou enquête) est une méthode d’étude de marché qui fait partie des plus utilisées. , tous ceux qui sont intéressés peuvent participer.
Partant du principe que la collaboration entre les consommateurs et les marques est le futur du marketing et de l’innovationL'innovation va de la compréhension (intuitive ou non) du comportement de l’acheteur à la capacité d’adaptation à l'environnement, François fait le parallèle entre la règle des « 1/9/90 » de participation sur Internet et son pendant en termes de marketing créatif :
Concrètement, le principe de la plateforme est assez simple : les marques soumettent des idées de réflexion aux membres du site, qui ont 3 à 5 semaines pour produire une création (vidéo, image, slogan, packaging, etc…). En échange, la marque valorise les meilleures idées à la fois en rémunérant les meilleures (jusqu’à plusieurs milliers d’euros !) et en réutilisant leur création – soit directement, soit après optimisation – au sein de sa stratégie de communication ou de sa gamme de produits / services par exemple.
François Pétavy (gauche) et Michael Tartar (droite) les 2 derniers présntateurs de la journée
Qu’importe si parmi les créations des membres il n’y a aucune « perfect idea » (même si cela arrive parfois), l’essentiel pour les marques est de disposer de « routes créatives » qui seront ensuite soumises alternativement aux experts internes, à des tests de concept réalisés par des instituts d’études marketing ou aux bêta-testeurs de la marque, pour optimiser si besoin un concept, un message ou un visuel par exemple. Pour certaines grandes marques qui ont besoin de produire 250 à 300 « contenus » par an pour les besoins de leur communication digitale, le crowdsourcing s’impose donc comme une nécessité pour ne pas se laisser enfermer dans des pistes créatives redondantes.
De grandes marques comme Nestlé ou Coca-Cola font très régulièrement appel à Eyeka, et les résultats sont assez édifiants. Par exemple pour Coca-Cola, qui s’est appuyé sur Eyeka pour imaginer une publicité originale sur le concept de « energizing refreshment » : la pub vidéo créée par un des membres a quasiment été reprise telle quelle par la marque, avec la portée suivante :
- 6 millions de mentions online
- Top 10% des meilleurs publicités de tous les temps dans l’étude Link™ de Millward Brown
- 100% d’adoption du matériel créatif, contre 47% en moyenne
- Une réduction des coûts de création de 92%
Dernier intervenant de cette conférence passionnante, Michaël Tartar, expert du marketing digitalDéfinition marketing digital, un terme utilisé en permanence et pourtant bien mal compris car mal défini (en recherche d’un poste de Chief Digital Officer …) nous a expliqué « comment calculer le ROI (Return On Investment ou Retour Sur Investissement en français) des projets digitaux sans perdre la tête ».
Qui dit ROI, dit chiffres, tableaux, calculs de rentabilité, finance, etc… des concepts pas évident pour la plupart des Chefs de Projet digital, qui ne sont quasiment pas formé à l’exercice (tiens, encore un besoin de formation détecté au cours de cette conférence…), et pourtant indispensable pour convaincre la direction financière d’engager des dépenses en amont d’un projet, et de prouver par la suite au Comité de Direction le succès d’une opération digitale. Pour arriver au calcul (prévisionnel) du ROI d’un projet, il faut être très pragmatique et passer par plusieurs étapes :
1. Analyser
Faire l’exercice de la mise en place d’un diagramme de causalité (exemple simplifié ci-dessous tiré du livre) permet de réfléchir à l’ensemble des paramètres qui feront le succès – ou l’échec – d’un projet digital.
2. Modéliser
Poser une équation plus ou moins complexe, dans laquelle chaque « action » en aval du projet aura un impact sur sa rentabilité. SI on prend l’exemple de la mise en place de fiches explicatives sur un site webLe site web B2B est la vitrine digitale de votre entreprise. C'est le moyen le plus simple et efficace de présenter les produits et services de votre entreprise à vos futurs clients., les paramètres de calcul du ROI seront par exemple :
- le nombre d’appels moyen au service client avant le lancement de ce Helpdesk
- le pourcentage de clients qui iront sur le site web au lieu d’appeler le service client
- le coût d’un appel au service client pour la marque.
3. Chiffrer
Cela peut paraître la partie la plus compliquée, mais il y a toujours moyen de chiffrer les paramètres de calculs. Dans notre exemple, le nombre d’appel au service client peut être obtenu justement auprès du service client ; le % de clients allant sur le site web au lieu d’appeler le service client est une information que l’on peut trouver – agrégée par type d’industrie – dans les bases de données de consommation de Forrester ou de TNS Sofres par exemple ; et le coût d’un appel au service client sera donné par la direction financière, pour arriver au calcul suivant sur une période donnée : 22 000 appels au service client x 5% de clients allant sur le Web x 6,35€ par appel au service client = 6 935€ économisés.
4. Présenter
Parce que les chiffres bruts, c’est rébarbatif et compliqué à comprendre au premier coup d’œil, il faut s’attacher à produire des graphiques très visuels, et qui contiennent toutes les informations dont chacune des parties prenantes a besoin (mieux vaut donc se renseigner avant en posant simplement la question).
Michaël conseille vivement d’utiliser ce type de graphique, sur lequel le « financier » se concentrera surtout sur le temps nécessaire pour atteindre le « point mort » (moment où l’entreprise commence à gagner de l’argent sur le projet), alors que le Comité de Direction sera peut-être plus intéressé sur le potentiel de gain à plus long terme.
Et Michaël de conclure avec cette phrase « Un beau projet sans argent, ça reste un beau projet ». Tout est dit !
Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver les présentations de François Pétavy et de Michaël Tartar sur le compte Slideshare de Media Aces.