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Lancement de France digitale : une initiative à encourager

Le lancement de France digitale s’est réalisé de façon symbolique le jour de la mort du Minitel ! Fleur Pellerin, ministre délégué aux PME, innovation économie numérique a présenté l’objectif de l’association : « amorcer la relance de l’économie française via le numérique ». Voilà un but ambitieux auquel on ne pourra que souscrire sur visionarymarketing. Retour sur ce lancement et sur le contexte à la fois enthousiasmant et ambigu de l’économie numérique et de la place de la France dans ce secteur.

Lancement de France digitale : une initiative à encourager

France digitale
France Digitale : tous les voyants sont au vert [photo : voyant d’autolib … YAG, cc 2012 http://antimusee.wordpress.com]
La semaine dernière, je me suis rendu à l’invitation de Marc Rougier de Scoop.it à la conférence de presse de l’association France digitale (le .org, pas le .com qui est dédié aux promenades !) dans le quartier de l’Opéra.

France digitale est une association qui regroupe de nombreux acteurs de l’Internet, dont le but est de soutenir le développement de l’économie numérique en France.

L’association a été lancée en présence d’une représentante du gouvernement, à savoir sa ministre de l’économie numérique, la médiatique Fleur Pellerin. J’y étais invité à la fois en tant que blogueur, et acteur professionnel de l’Internet.

Mon intérêt personnel pour ce genre de sujets n’est plus à démontrer, tant depuis des années déjà j’essaie, à mon niveau, d’encourager les start-ups françaises, que ce soit au travers de ce blog ou des projets que je mène en entreprise.

Le « combat » de France Digitale

Nul besoin donc d’insister sur la justesse d’un tel combat, qui consiste à promouvoir l’entreprenariat français. Mais voilà, nous sommes au cœur d’un véritable paradoxe : d’une part, la réalité de l’entreprenariat français dans le domaine de l’Internet qui n’est plus à démontrer, avec un baromètre 2011 d’Ernst & Young (voir mes notes et le CP ci-dessous) réalisé pour l’association qui confirme chiffres en main la grande vivacité de ce domaine dans notre pays.

D’autre part, les difficultés auxquelles les entreprises numériques sont confrontées en France, ainsi que la méconnaissance de ce secteur par le public (y-compris économique) ; souvent minimisé voire raillé, dans d’autres économies, comme celle du Royaume-Uni, ce secteur représente déjà 6 % du PIB (la moitié en France, où le commerce électronique représente aussi la moitié de celui de l’Allemagne etc. etc.)

imageLe but de l’association est donc louable : mettre en commun les meilleurs talents du numérique (citons pêle-mêle Marie Ekeland (Elaia Partners), Jean David Chamboredon (ISAI), Marc Ménasé (Meninvest), Marc Rougier (Scoop.it), Philippe Colombel (Partech Int’l), Gaël Duval (jechange.fr) et Giuseppe Demartino (Dailymotion) pour n’en citer que quelques-uns, la liste complète pouvant être consultée dans le communiqué de presse ci-joint.

Le dispositif est complété par l’action de Gilles Babinet, fondateur de Eyeka et rescapé du CNN, qui mènera son action de lobbying auprès de l’union européenne. Salué par la ministre qui l’a qualifié de « digital champion » son rôle va être d’encourager les politiques (je cite) à « concentrer les moyens et éviter de les saupoudrer sur n’importe quoi ».

Sauver le soldat Babinet

Il paraît délicat, voire suicidaire de critiquer une telle initiative. Je m’en garderai donc bien. Bien entendu, nous souhaitons tous que cela réussisse et nous mettrons notre énergie et notre soutien derrière cette initiative dont le but est juste, et l’objectif salutaire pour l’économie de notre pays.

C’est dans le numérique que se trouve la croissance, c’est aussi au travers du numérique que le commerce traditionnel va trouver de nouveaux relais de croissance ; on ne peut donc que se réjouir de ce constat et de cette envie.

Des mots qui polluent

Ce qui m’inquiète plus, c’est l’image que nous projetons à l’extérieur, souvent déconnectée de la réalité et de la rationalité. Mais voilà, l’image d’un produit, d’une marque, et encore plus d’un pays et d’un secteur, n’a rien à voir avec la raison.

Les dégâts réalisés par une seule petite phrase prononcée il y a quelques mois autour d’un chiffre (75 %) a causé de tels dégâts, qu’on se demande si la pente peut-être remontée.

Il n’a probablement rien à voir avec la réalité, ou à tout le moins ne se raccroche à rien de concret (pour l’instant) et permet pas non plus de comparer à niveau égal la situation française avec ce qui se passe à l’étranger, mais cela ne change rien à la perception ; le mal est fait.

« Traversez la Manche ! »

Les quelques phrases d’ouverture prononcées par les participants britanniques à la conférence le Web 2012 (l’organisation symbolique de ce clone de le Web outre-Manche étant déjà un signal envoyé par un de nos plus emblématiques entrepreneurs) était sans ambiguïté : « Entrepreneurs français, traversez la Manche et rejoignez-nous ! ». Tel était le message, en substance, qui fut reçu par l’assistance ce jour-là, il y a à peine quelques semaines.

Tout ceci me fait penser au fameux livre de psychologie des Messinger ? « Les mots qui polluent, les mots qui guérissent ». Notre problème en France n’est pas un problème d’entrepreneurs (il n’y a qu’à aller au Web 2 connect pour s’en rendre compte).

Il n’est peut-être même pas un problème de capital (j’ai entendu un capital-risqueur en fin de semaine dernière se plaindre du manque de sujets sérieux dans lequel il pouvait mettre de l’argent, et réfuter la thèse souvent entendue comme quoi les banquiers ne voulaient pas investir).

C’est à mon avis essentiellement un problème d’image et de présentation, de soin à apporter dans les détails, et d’éviter à tout prix, c’est là à mon avis le rôle du politique, la phrase qui fait mal, celle qui va donner des armes irréfutables à nos concurrents et néanmoins amis et partenaires d’outre-Manche et d’ailleurs.

Et je ne parle pas des entrepreneurs qui alimentent la machine en prononçant aussi les mots qui polluent. On voudrait se tirer une balle dans le pied qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Car il ne faut pas se le cacher, nous sommes dans une concurrence économique effrénée, et quiconque a fait de la vente le sait : l’aspect psychologique compte autant sinon plus que l’aspect rationnel.

Le fait de chacun d’entre nous

L’aventure de France digitale sera, gageons-le, une belle aventure et nous lui rendrons tous les services possibles, à chaque fois que cela sera nécessaire.

J’ai entendu trop d’entrepreneurs de la Silicon Valley se plaindre du manque de solidarité entre Français même à l’étranger.

Mais il serait judicieux de soigner notre présentation, de savoir nous vendre à l’étranger, et ceci malheureusement n’est pas seulement du fait des entrepreneurs, mais de chacun d’entre nous ; chacun des 70 millions d’entre nous, dans ce monde globalisé, projette une image de son pays vers le reste du monde.

Quelle est l’image que nous voulons projeter, là est le véritable enjeu. Celle d’un pays constamment en grève noyé d’impôt déprimé triste et peu dynamique, ou celle de jeunes entrepreneurs (et moins jeunes également), dynamiques internationaux et compétitifs ?

Telle est la question, et je ne suis pas sûr d’avoir d’autres réponses que celles de la deuxième proposition, et c’est dans cet esprit que je continuerai à intervenir à l’international pour promouvoir ce travail indispensable, dans la mesure de mes moyens.

Annexes et liens en rapport avec France Digitale

  1. > le communiqué de presse de l’association
  2. > étude de Ernst & Young sur les start-ups françaises pour France Digitale (JDNet)
  3. > l’article de Locita.fr sur le sujet
  4. > l’article de Frenchweb.fr sur le baromètre France Digitale
  5. > notes brutes de la réunion prises sur le vif (ci-après)
Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »

7 commentaires

  1. Y a-t-il un équivalent de France digitale dans d’autres pays? Du genre Digital.us, ou China-digital.cn?

  2. De belles paroles, la création d’une « commission d’emploi » alors que le turnover du groupe de Mr Ménasé est scandaleusement élevé, la part de stagiaires (emplois précaires…) dépasse l’entendement et la participation des salariés dans le groupe est réduite au néant….

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