Oubliez les soft skills, pensez « habiletés relationnelles »
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Dans la famille des buzzwords du moment, je demande les enfants : les soft skills. Grâce à Benoît Chalifoux on peut désormais remettre un peu de sens derrière ce terme et même du bon français. Heureusement que nos amis québécois sont là pour nous aider car comme vous le savez, nous affectionnons les vocables francophones inventés dans la Belle Province. Et on verra ici que ce n’est pas qu’une question de vocabulaire, les habiletés relationnelles sont essentielles dans la conduite du changement et le déploiement des technologies dans les organisations humaines.
Oubliez les soft skills, pensez « habiletés relationnelles »
Benoît a publié Etre à son meilleur : l’incroyable pouvoir des habiletés relationnelles. Il est conférencier, auteur de deux livres, et chargé de cours à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ainsi que dans plusieurs écoles de gestion au Québec et en France.
Il est spécialisé sur le sujet des soft skills (pardon, des habiletés relationnelles !) et de tout ce qui concerne l’humain. J’ai pu lui poser nombre de questions notamment sur la technologie et le changement, un de nos sujets fétiches. Et nous verrons que les habiletés relationnelles sont même bien plus que les soft skills. Raison de plus pour abandonner cet horrible barbarisme.
La technologie, tributaire ou moteur du changement ?
La technologie n’est pas le principal moteur de changement, c’est un outil
80% de cette nouvelle ère qui est en train de se dessiner à une vitesse grand V nous a démontré que l’outil par excellence, c’est la technologie. Mais c’est un outil qui doit être manipulé par un être humain, souligne Benoît. La technologie la plus exceptionnelle, avec un être humain derrière qui a une capacité limitée, fera que malheureusement on ne bénéficiera pas des bienfaits de cette technologie.
La technologie représente 80 % des changements qui s’opèrent, une affirmation que nous confirmerons (au pourcentage près) avec le livre d’Alain Lefebvre, qui nous en montre l’importance.
Que ce soit dans le domaine des logiciels, des systèmes de données, des systèmes de modélisation, tous les paramètres qu’on utilise au quotidien, en marketing et ailleurs, la majorité des changements qui s’opèrent en ce moment viennent d’une technologie quelconque nous dit Benoît.
L’ère qui est en train de se dessiner n’est pas une ère technologique, mais une nouvelle ère dont l’outil principal est la technologie. Il faut faire bien la distinction
Comment rester humain dans un monde virtuel ?
Comment donc, dans ce contexte, rester humain ? Il faut simplement humaniser tout ce que l’on fait explique l’auteur. L’objectif final du processus du service client par exemple, même s’il opère sur des plateformes technologiques, est d’offrir un service clientèleLe persona B2B permet de définir qui sont vos acheteurs cibles. remarquable. Il faut humaniser le contexte technologique qui s’opère.
Donc l’être humain à son meilleur aujourd’hui est celui qui est capable de faire ressortir les compétences humaines que les robots ne peuvent pas remplacer, à commencer par l’empathie.
La technologie ne force pas seulement les organisations à s’adapter, mais également les individus
Le travail humain évolue vers la libération des tâches répétitives pour aller vers des tâches plus intellectuelles. Mais tout le monde pourra-t-il s’y adapter ?
A un moment donné, nous allons devoir faire face à une génération qui va être prise entre l’écorce et l’arbre, souligne Benoît qui renouvelle ainsi la métaphore de l’enclume d’une bien belle manière, sans doute plus respectueuse de l’environnement.
Nos grands-parents ont eu 1 ou 2 emplois, nos parents 2 ou 3, nous 5 ou 6. Combien nos enfants vont-ils en avoir ? « Ce n’est pas la bonne question, la vraie question, c’est combien de carrières nos enfants auront en même temps ! »
Nous sommes dans un nouveau contexte où devenir un apprenant à vie n’est plus un choix mais une obligation. Cette capacité de curiosité et d’apprentissage nécessite un effort soutenu dans le temps. Etre curieux, ça peut être sporadique, ponctuel. Ces deux capacités associées forment un cocktail qui nous permet de nous réinventer. C’est cette capacité à réapprendre, à désapprendre. Il y aura une génération qui n’aura plus de travail, qui ne saura plus trop quoi faire, et qui n’aura pas eu cette capacité qui se cultive, et qui sera confrontée à de graves problèmes.
La technologie fonctionne d’un point de vue business grâce au design et aux humains derrière
On peut disposer de la technologie la plus extraordinaire, si on n’a pas un être humain derrière, à quoi bon ?
La compétence technique est toujours temporaire, souligne Benoit, et l’espace temporaire tend à rendre une technologie obsolète plus rapidement qu’avant pour laisser place à une autre. Par contre, la capacité humaine, les talents humains, les capacités intellectuelles, la vivacité, la curiosité, doivent être permanents et ne jamais s’éteindre.
L’être humain tend à devenir permanent dans ses qualités les plus importantes qui font de cette personne un humain qui se réinvente, alors que la capacité technologique tend à devenir obsolète toujours plus rapidement.
La nouvelle ère n’est pas une nouvelle ère technologique. La technologie est un outil, cet outil est le plus utilisé parce que ça va vite et parce que c’est très efficace. Mais il faut mettre un humain pour la maîtriser, il faut être intellectuellement apte à l’utiliser.
Résistance au changement : il ne faut pas confondre résistance et préoccupation
On résiste au changement quand nous n’avons pas décidé de changer, que ce sont les autres qui ont décidé pour nous, souligne Benoît. Un des principes fondamentaux de la motivation, c’est d’avoir l’impression de choisir. Si on a eu notre mot à dire, que cette décision provient de nous, on n’est pas résistant, mais préoccupé, parce que c’est nouveau et que cela amène un certain stress.
Les organisations sont très bonnes pour imposer des changements, sans prendre en compte que si on s’y prend différemment, elle va être plutôt impliquée et non résistante.
Une préoccupation en ce moment dans mon domaine, souligne Benoît, est que des robots pourraient être un jour capable de reproduire artificiellement une certaine forme d’empathie humaine. Cela deviendrait vraiment préoccupant alors, car si un robot est capable d’empathie, alors que restera-t-il à l’être humain ?
Cette préoccupation des humains qui parfois amène à une résistance n’est peut-être pas toujours injustifiée
Cela vient d’une intuition, d’une conclusion, d’une expérience, d’une courbe d’apprentissage. Il faut vivre dans ce changement, et il faut faire le mieux qu’on peut avec ce changement. Il faut évoluer et nous sommes dans un moment privilégié pour pouvoir nous propulser vers une meilleure version de qui on est, tout en restant le plus possible humain dans un monde des plus virtuels, conclut Benoît.
Et pour cela, il faudra utiliser l’incroyable pouvoir de ses habiletés relationnelles, le livre de Benoît Chalifoux publié chez Eyrolles.
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