Quel est l’impact des couleurs sur le comportement des consommateurs
Quel est l’impact des couleurs sur notre comportement ? Il y a quelques mois, j’avais écrit un article sur la perception que nous avons des couleurs et de l’impact que celle-ci ont sur nous. Je parlais ici de théorie, de l’hypothétique influence qu’aurait les couleurs sur nous : j’ai eu l’occasion de rencontrer une personne dont l’entreprise a testé et calculé l’impact des couleurs lors d’une expérimentation menée dans un univers recréé pour l’occasion. Samy Ben Jazia, responsable de la marque Tork, témoigne de cette expérimentation. Centrée sur le domaine de la restauration, l’étude consiste à immerger un volontaire dans un environnement monocolor : entièrement jaune, entièrement rouge, entièrement bleu… Non seulement les avis des participants sont relevés, mais un casque analysant leurs ondes cérébrales permet de savoir comment cet univers de couleur impacte le ressenti du participant.
Quel est l’impact des couleurs sur le comportement des consommateurs
Impact des couleurs sur notre comportement : une étude qualitative menée en Suède
« Nous avons réalisé une étude pour redéfinir notre palette de couleur sur la gamme « art de la table » », nous indique Samy. Le but de cette étude peu commune était de deviner la réflexion des clients restaurateurs et hôteliers de Tork, quant à l’impact des couleurs sur l’expérience des clients.
« Cette étude qualitativeLe questionnaire quantitatif (ou enquête) est une méthode d’étude de marché qui fait partie des plus utilisées. s’est déroulée en Suède, pays d’origine de notre société », explique Samy. Pour cela, 16 personnes ont été replongées dans des univers de restaurations colorés : « nous avons défini 8 univers de couleurs qui représentent les tonalités dominantes de notre palette de couleur, et dans lesquels nous avons immergé des clients. Chaque couleur recouvrait complètement les murs, des lampes, des tables, des assiettes et même la boisson ». On retrouve ainsi les mêmes éléments dans 8 univers de couleurs : jaune, rouge, bleu, vert, orange, marron, blanc et noir. Les 16 personnes sont passées dans les 8 univers à raison de 5 minutes par univers, faisant ainsi 128 points de contrôle.
Une méthode de recueil des résultats originale
Une fois le sujet sorti de l’un des environnements, il doit remplir un questionnaire. Ce questionnaire permet de connaitre ce qu’il a ressenti durant son expérience d’immersion. Mais ce n’est pas tout, et c’est ce qui fait l’intérêt de cette étude : « en parallèle, on les a équipés d’un casque pour mesurer l’activité des ondes cérébrales, l’activité électrique du cerveau ».
Le cerveau est une machinerie complexe, dont le fonctionnement est assuré par des libérations de composés chimiques et des impulsions électriques. Il fonctionne ainsi comme un véritable processeur d’ordinateur avec une activité électrique et fonctionne à une certaine fréquence que l’on peut mesurer. On distingue donc plusieurs types d’ondes cérébrales sur 5 niveaux de fréquence : Delta (< 4Hz) Thêta (4 Hz – 8 Hz), Alpha (8 Hz – 12 Hz), Bêta (12 Hz – 24 Hz) et Gamma (> 24 Hz).
« Ces ondes, on les a toutes et en permanence dans notre cerveau », explique Samy, « ces 5 fréquences réagissent selon l’environnement dans lequel va être plongée la personne. On va retrouver une onde dominante différente en fonction d’un environnement plus ou moins stressant, plus ou moins relaxant, plus ou moins excitant… ».
Mesurer les ondes du cerveau pour connaître le ressenti d’une personne
Les participants ont donc mis un casque durant l’expérience, afin de distinguer le type d’onde émise et apporter au questionnaire de ressenti une dimension scientifique. Et en fonction de ce que l’on connaît de ces ondes, il est possible de connaître l’état d’esprit du participant avant même que celui-ci n’ait rempli le questionnaire.
« La dominante Gamma signale que les fonctions cognitives et de traitement de l’information sont activées. Cela signifie que la personne fait appel à sa capacité de concentration », précise Samy Ben Jazia. « En revanche, lorsque l’on se situe plutôt dans les ondes Thêta, c’est que le cerveau est dans un effort de créativité : le lien émotionnel est plus fort ». A partir de ces postulats, l’étude a permis de mettre en avant plusieurs liens entre des couleurs et l’activité cérébrale des personnes. Des liens déjà établis, nous l’avions vu dans mon article précédent, par Goethe en 1810
Etude sur la perception des couleurs : les résultats les plus marquants
A la lecture des résultats collectés à l’issue de l’étude, « on constate par exemple que le bleu sera approprié pour des moments calmes, plus relaxant. Le jaune est le orange en revanche sont des couleurs plus pétillantes et le cadre sera plus enfantin, apportera une dimension ludique à l ‘environnement. Dans le cadre de la restauration, cela n’est pas adapté à un environnement professionnel, mais le sera pour un petit déjeuner ou un goûter ». « Le blanc est la couleur neutre par excellence sur laquelle on va pouvoir venir ponctuer ou mettre des notes de couleur pour venir susciter une émotion ou une autre selon le résultat que l’on souhaite donner ». Avoir ces éléments pour un restaurateur lui permet de savoir quelle couleur utiliser pour être en phase avec l’image qu’il souhaite donner : « quelle couleur utiliser pour mettre en avant des moments familiaux, des liens amicaux, ou un environnement professionnel ? » interroge Samy.
Une étude qui permet, à défaut de révolutionner les travaux de Goethe effectués il y a 200 ans, d’apporter une dimension scientifique avec la mesure des ondes cérébrales.