Pilo invente la pile qui ne se décharge jamais
La pile de votre appareil électronique vient de rendre l’âme ? Ce regrettable événement fera peut-être bientôt partie du passé … grâce à une start-up française : PILO. A l’heure où l’on commence à prendre conscience des dégâts environnementaux (certains articles ici ou là ne sont en effet pas rassurants…), et que l’écologie devient plus une nécessité qu’une alternative, l’energy harvesting est désormais un terme à la mode. « Mais qu’est-ce que l’energy harvesting ? « , me direz-vous : L’energy harvesting est un terme anglais désignant la récolte d’énergie pour alimenter un petit objet. Cela peut être une télécommande, une lampe ou tout autre petit appareil électronique à faible consommation. Le but est de contourner le problème de pollution des batteries chimiques ou les difficultés du câblage, grâce à la transformation de sources d’énergie abondantes et accessibles, en électricité. Pour aborder ce sujet, nous nous sommes entretenus avec Urbain Prieur, cofondateur de Pilo, une startup qui a créé une pile non polluante qui se recharge au mouvement.
Récupérer l’énergie : le système Pilo
Le mouvement : on peut récupérer un mouvement volontaire, par exemple secouer un objet pour fournir de l’énergie. Cela peut aussi être des mouvements passifs, par exemple les rivières ou le vent. Ensuite il y a les technologies utilisées pour transformer ce mouvement en énergie mécanique : l’électromagnétisme par exemple qui est utilisé dans les dynamos et les générateurs. C’est l’énergie la plus répandue et celle que nous avons choisie car elle est fiable et peu onéreuse.
Le thermique : pour récupérer de l’énergie depuis une source de chaleur. Les dispositifs techniques existants pour convertir ce flux de chaleur en énergie ont un rendement assez faible. Cela est donc assez contraignant. Néanmoins c’est une technologie utilisée pour certaines applications qui sont encore assez loin du grand public. On n’en est pas encore à recharger son IPhone avec la chaleur du corps humain…
Le solaire : il présente beaucoup d’avantage, notamment la facilité de la récolte de l’énergie. Cette énergie est aussi présente sur de longues périodes, comparé au mouvement. En revanche, les panneaux solaires sont polluants et difficiles à recycler à cause des composants dont ils sont constitués.
Le piézoélectrique : ce sont des matériaux qui lorsqu’ils subissent une certaine contrainte génèrent de l’électricité. C’est utilisé par exemple dans les briquets électroniques et dans les allume-gaz. On va récupérer cette énergie transformée dans une vibration unique très forte ou dans plusieurs vibrations pour récupérer de l’électricité. Le piézoélectrique est toutefois encore réservé au domaine de l’expérimentation (par exemple des trottoirs, des sols de discothèque, ou encore des semelles utilisant le piézoélectrique). C’est très prometteur et il y a des applications industrielles qui existent déjà. Mais cela reste cher, donc peu accessible au grand public.
Quel est l’avenir de ces technologies ?
Quand les technologies d’energy harvesting vont réussir à gagner en importance, en efficacité et à rentrer dans les mœurs, cela va pousser les fabricants d’objets électroniques à adapter le fonctionnement de ces objets pour qu’ils puissent être alimentés très facilement. Quand ce stade sera passé, l’utilisateur aura ces solutions à disposition. En revanche, cela ne permettra pas d’être autonome au niveau des efforts les plus dépensiers (transport, chauffage, industrie etc.).
Il y a à la fois une éducation du consommateur et un perfectionnement industriel à réaliser…
Le domaine de l’energy harvesting commence à se développer, mais ce sont des produits qui doivent faire repenser l’électronique. C’est toutefois encore un domaine naissant qui va connaître des améliorations très rapides. C’est ce qui va permettre d’un côté à l’energy harvesting d’entrer dans notre quotidien, et d’un autre côté de revoir à la baisse la consommation énergétique de l’électronique qui nous entoure quotidiennement. Cela permettra de nous rendre davantage indépendant, mais aussi d’apporter de la technologie dans des régions éloignées de toute infrastructure.
Pilo, la startup qui réinvente la pile
Que fait cette start-up ?
Pilo fabrique des piles qui se rechargent quand on les secoue. L’objectif est que ce soit la dernière pile que l’utilisateur achète. Le principe est de mettre la pile dans l’objet, par exemple une télécommande, et l’utilisateur n’a plus besoin de la changer. Pour recharger la pile, il suffit simplement de secouer la télécommande quelques secondes.
D’où vous est venu cette idée ?
C’est le second cofondateur, Nicolas Toper qui lors d’une randonnée en Colombie avait absolument besoin de son ordinateur portable mais n’avait plus besoin de batterie. En tant qu’ingénieur, il savait parfaitement où se trouvaient les sources d’énergie, mais il n’avait pas les moyens de récolter cette énergie pour recharger ces objets. Cette réflexion a mûri jusqu’à devenir un projet, celui de Pilo.
Cela sert principalement sur les petits objets…
Oui, c’est destiné à tous les petits objets électroniques qui consomment très peu et qui peuvent être secoués : les manettes de jeu, les télécommandes, des jouets pour enfants, des dispositifs pour passer des slides, des micros etc. Cette pile a un format AA donc peut s’intégrer dans pratiquement n’importe quel type d’objet.
C’est un argument écologique, mais aussi économique…
Oui car d’une part on ne change plus la pile, donc cela évite d’avoir à jeter des piles chimiques qui sont extrêmement polluantes. Même les piles rechargeables finissent par s’user et doivent être jetées. Dans Pilo, ce sont des composants mécaniques et électroniques choisis pour avoir un faible impact environnemental. Et d’autre part, cette pile n’est pas limitée par une réserve d’énergie, elle ne s’use pas.