Papermate veut séduire les entreprises avec des stylos et des livres
Aux États-Unis, j’ai pu le constater lors du dernier rendez-vous du SMBC à Atlanta, la folie parmi mes collègues experts des médias sociaux en entreprise c’est … Le Sharpie®, c’est-à-dire le stylo bien pointu (comme son nom l’indique) au « design » très américain et que j’utilise d’ailleurs à l’instant même pour écrire cet article (comme je souffre de troubles musculo squelettiques, je préfère écrire sur le papier et dicter mes articles, cela réduit la frappe). Quand je dis folie, je pèse mes mots : on s’arrachait littéralement les stylos de la marque américaine, notamment le fameux stylo en métal qui semblait être une vedette (stylo américain fabriqué en Chine bien entendu – voir l’image sur la gauche).
Papermate veut séduire les entreprises avec des stylos et des livres
Comme quoi on peut vouloir être à la pointe de la technologie et préférer quand même les stylos (pointus) d’antan. Sharpie®, c’est une marque de NewellRubbermaid, la société d’Atlanta qui hébergeait Blogwell en novembre 2009, et qui a beaucoup d’autres marques dans son escarcelle : Parker® et Waterman® pour les stylos de luxe Rubbermaid® pour les objets en plastique, Sharpie® pour les stylos (États-Unis, Royaume-Uni), Dymo, le produit star des années 70 pour faire ses étiquettes, et aussi – plus connu en France notamment pour avoir lancé des stylos bille effaçables dans les années 80 – Papermate®.
Et c’est justement cette dernière qui m’a envoyé mes étrennes sous forme d’un colis imposant (et pas très écolo d’ailleurs, ma femme a beaucoup râlé au moment de trouver un endroit pour recycler cette énorme boîte en carton) venu dans ma boîte aux lettres. Au départ, je me suis demandé ce que j’allais en faire, car je refuse les articles payants sur ce blog au nom de l’indépendance et de la transparence, mais après tout j’ai trouvé la démarche suffisamment décalée et amusante pour justifier un billet.
Car le sujet n’est pas de séduire un blogueur avec un gadget électronique de plus, mais de promouvoir le bon vieux stylo, et qui plus est un stylo biodégradable (**), le Papermate Green, ce qui est sympathique pour une entreprise qui produit des objets en plastique (en fait s’agit-il d’un des 3 stylos parmi ceux proposés dans le coffret ci-contre).
Un ensemble de dispositifs marketing a été décidé par la marque afin de dynamiser les ventes de fournitures en entreprise en offrant des livres de voyage (en partenariat avec Gallimard qui a l’air plus doué en bouquins qu’en paramétrage de domaines Internet), un voyage de deux personnes d’une valeur de 4000 € et des cadeaux d’entreprise pour 10 000 €.
L’entreprise américaine permet à l’utilisateur de s’inscrire sur un formulaire à tiroirs et ainsi se constitue une base opt-in d’employés, et d’entreprises (via les personnes qui veulent augmenter leurs chances de gagner en dénonçant leur entreprise) et même de collègues de la personne en question (en utilisant le même principe sur un deuxième tiroir). On pourra juste déplorer l’absence de case à cocher – pourtant obligatoire – mentionnant la volonté de garder les données personnelles privées et pour seul usage du tirage au sort. Sinon, on pourra juger du caractère particulièrement inventif de ce système à tiroirs.
Une opération somme toute amusante, aux réserves près énoncées ci-dessus, à une époque où trouver des fournitures en entreprise relève de plus en plus du sport de l’extrême et où l’essentiel de « l’écriture » se fait sans fournitures et en mode électronique. Du moins c’est ce qu’on pourrait croire benoîtement car après tout, selon les chiffres fournis par le communiqué de presse, il se vend encore 1,7 milliards de stylos par an chez NewellRubbermaid soit, ce chiffre ramené à la population mondiale et si l’on prend l’hypothèse probablement erronée d’un stylo acheté par personne, 1 stylo vendu à 1 personne sur 3. Ceci pour un chiffre d’affaires somme toute assez modeste car le CA total du groupe en 2008 n’est que de 6,8 milliards de $, et je ne connais pas la proportion des stylos dans ce chiffre, mais cela ne doit certainement pas représenter l’essentiel du chiffre d’affaires.
En lisant le CP, j’ai aussi découvert le nouveau ruban correcteur Wideline pour écriture manuscrite (photo à gauche) qui doit sans doute être réservé aux rares écrivains rescapés du XXe siècle qui n’ont pas encore acheté de notebook. À une époque où même l’administration est passée au tout-électronique… (Essayez de payer une femme de ménage avec un CESU en papier : bonne chance !). Tout ceci paraît délicieusement suranné, mais en même temps, me rend nostalgique d’un temps où nous avions la possibilité de gérer un projet à la fois, de faire des rapports au bouillon et où tout allait moins vite…
Allez, foin de cette nostalgie, et partons en voyage … sans notebook et avec un stylo biodégradable.
Liens divers
- aller sur le site http://www.papermate-passiondecrire.com
- l’opération est montée par http://www.osad-rp.com
-
(**) je ne joins pas le communiqué de presse qui est un peu trop commercial à mon goût, mais je reprends l’explication du stylo biodégradable pour ceux que ça intéresse et qui sont sensibles à l’environnement comme moi : « gamme biodégradable : la plupart de ces composants sont faits de matériaux végétaux renouvelables et se dégradent biologiquement dans le sol de votre jardin. Une fois démantelé et enfoui dans le sol, ses composants se décomposent naturellement dans l’espace d’une année, ce qui réduit votre volume de déchets et produit plus de compost. En outre, l’emballage de ce stylo est composé de matériaux 100 % recyclables et exempts de PVC. »
- (Hélas, je n’ai pas de bac à compost dans mon appartement parisien, il faudra attendre que nous nous rendions dans notre maison de l’Ariège pour pouvoir planter ce stylo dans le sol et le rendre à la nature. Ensuite je me pose la question des parties métalliques du stylo et notamment sa bille et sa pointe; mais l’intention est louable.).
- transparence : au vu de la faible valeur marchande des stylos offerts dans le coffret, je me suis permis de les garder car cela coûterait plus cher de les renvoyer à l’entreprise. J’en ferai bien cadeau à quelqu’un