fingerprinting vs cookie : l’empreinte de l’internaute est le carburant du Web libre et gratuit
Le fingerprinting est une nouvelle technologie qui devrait probablement remplacer les cookies, appelés à disparaître progressivement. Cette technologie consiste à créer une « empreinte digitale » de l’utilisateur sous la forme d‘un algorithme en recueillant des informations comme les logiciels installés, la taille de l’écran, le fuseau horaire, la police d’écriture etc.
La combinaison de ces paramètres forme une signature unique permettant de reconnaître un utilisateur et de suivre son activité sur le web. Cette nouveauté est due à des contraintes techniques et non à un hypothétique contournement de la législation, de plus en plus contraignante en ce domaine. Christophe Bosquet, directeur associé d’Effiliation, agence pionnière du fingerprinting en France (et associée à Visionary Marketing) nous explique pourquoi et comment.
Qu’est-ce que le fingerprinting?
Le principe est de pouvoir identifier des utilisateurs d’objets connectés comme un ordinateur,un smartphone, une tablette voire d’autre objets comme une télévisions ou une montre, de façon unique pour pouvoir suivre leurs usages sur le web. On va pouvoir connaître les actions effectuées par un terminal sur un site.
Donc c’est comme les cookies, ça sert à espionner les gens…
Ce n’est pas fait pour espionner l’utilisateur, mais pour tracer des actions dans le cadre publicitaire, pour assurer la rentabilité ou l’efficacité d’un budget publicitaire. Nous ne sommes pas dans une logique d’espionner, mais plus de suivre pour analyser et optimiser
Quel est l’enjeu du web gratuit par rapport à cette logique de tracking?
Les sites gratuits, par exemple les sites éditoriaux, doivent avoir un modèle économique pour continuer à exister : aujourd’hui c’est la publicité. Dans ce cas de figure, les annonceurs doivent bénéficier d’un retour sur investissement, d’où l’importance du tracking qui se faisait auparavant par les cookies, et aujourd’hui par le fingerprinting.
Cela permet d’analyser cette efficacité et, à terme, rassurer les investisseurs. Au final tout le monde y gagne, car l’éditeur est rémunéré et le visiteur a accès à un contenu gratuit.
Et si on veut supprimer le cookie ou le fingerprinting…
Si on supprime la publicité, les sites éditoriaux n’ont plus les moyens de gagner de l’argent et vont devenir payants… Si on est contre les cookies et contre la publicité, on détruit ce système économique : il faudra alors accepter de payer le service.
Aujourd’hui, il y a une multiplicité d’appareils connectés qui freinent l’usage du cookie.
Il y a eu plusieurs étapes : tout d’abord, les navigateurs classiques (Safari) ont commencé à bloquer les cookies tiers (et d’autres l’envisagent, à l’image de Firefox), empêchant de suivre l’utilisateur. Ce dernier devenait ainsi difficile à suivre uniquement en ayant recours au cookie, et les nouveaux devices n’avaient pas tous un fonctionnement par cookie (les objets connectés n’en ont pas du tout). Il fallait alors trouver un autre moyen de suivre les utilisateurs.
On trouve essentiellement le fingerprinting aux États-Unis, que se passe-t-il en Europe ?
Les États-Unis sont les premiers utilisateurs de la méthodologie du fingerprint. Effiliation a lancé cette solution de traçabilité en 2013. Depuis, quelques concurrents se sont lancés dans le fingerprinting. On voit aujourd’hui de plus en plus d’actions de suivi basées sur cette technologie car c’est un moyen d’être indépendant des fabricants qui abandonnent l’utilisation des cookies sur leurs produits.
Ce dispositif n’est pas un moyen de passer outre la règlementation européenne.
C’est juste un outil technique, un moyen de continuer à pouvoir suivre, et ne va pas à l’encontre des lois européennes et françaises concernant la sécurité et le respect de la vie privée sur internet. Tout utilisateur a le droit de signaler qu’il ne veut pas être « fingerprinté », de même qu’aujourd’hui il peut refuser les cookies.
Intéressant de voir avec les années comment une technologie ne s’est pas généralisé et les cookies restent toujours aussi important
En effet, le cookie est resté et pourtant, Dieu sait qu’il est décrié. Si on devait le supprimer, tant de technologies Web cesseraient de fonctionner que la pression est très forte. Les éditeurs préfèrent se barder de bannières « cookies » qui permettent de dire « je vous avais prévenu » et de continuer à tracker. Si le cookie finissait par être vraiment bloqué (Apple a menacé dès 2017 avec Safari 11 et a bloqué déjà beaucoup de mauvaises pratiques, au grand dam des éditeurs pas toujours très éthiques) alors on verrait ressurgir cette technologie nouvelle permettant de contourner le problème. Merci pour ce commentaire pertinent.
L’avenir nous dira si il y aura un revirement mais avec l’apparition des objets connectés cette question se posera avec force dans les prochaines années