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LinkedIn Pods : réelle stratégie ou contournement de l’algorithme ?

Les « LinkedIn Pods » sont très à la mode. Par là, on entend ces groupes, sur le réseau des réseaux B2B, qui permettent des discussions parfois assez longues et des débats souvent passionnés. Mais en même temps que ces « pods » (on pourrait traduire par « capsule » en français) sont très prisés par les professionnels, ils sont également détournés par nos amis les bourrins que nous connaissons bien sur Visionary Marketing pour contourner l’algorithme de LinkedIn qui a tendance à cacher les publications de manière assez systématique.

LinkedIn Pods : réelle stratégie ou contournement de l’algorithme ?

LinkedIn Pods : stratégie de contenus ou contournement de l'alogrithme
LinkedIn Pods : stratégie de contenus ou contournement de l’alogrithme

 

Avec la discussion provoquée, on contourne l’algorithme en donnant plus de visibilité à la publication qu’elle n’en aurait eue au départ. D’ailleurs, lorsqu’on publie sur LinkedIn et qu’aucune discussion n’a eu lieu, le réseau de Microsoft n’hésite pas à vous envoyer un pop up pour vous inciter à provoquer la discussion vous-même. CQFD.

Au-delà de cela et des utilisateurs peu scrupuleux qui iront jusqu’à automatiser des démarches de spam sur les LinkedIn Pods, on peut légitimement se poser la question de savoir quelle est le véritable impact de ces capsules sur la stratégie de contenu.

Et notamment, sur sa portée.

J’ai remarqué ainsi que de nombreux utilisateurs commentaient les discussions initiées à partir d’articles, sans lire le contenu de fond, en se basant sur leurs préjugés de départ, et cela donne parfois des discussions assez surréalistes du style :

–« Dans l’article… j’ai démontré A. Qu’en pensez-vous ? »

–Réponse : « Oui ! Je suis tout à fait d’accord, Non-A tout à fait avéré ! »

On peut blâmer les outils, on peut également se retourner contre ses utilisateurs qui ont perdu la notion du temps long au profit du zapping permanent, sans jamais chercher à approfondir les choses.

Les outils du digital ont bon dos.

Dieu merci, il reste encore des lecteurs, et certainement beaucoup plus nombreux qu’on croit, comme ce qui sont en train de lire ces lignes. Et pour les en remercier, nous les gratifions de cette interview avec Bruno Fridlansky, l’expert indiscutable de LinkedIn en France, qui nous explique les LinkedIn Pods et ses travers.

Les Pods et la stratégie de contenus

Un pod est un groupe de personnes qui s’entraident pour donner de la visibilité à leurs publications.

Les gens se sont organisés, en quelque sorte pour contourner l’algorithme LinkedIn, pour partager le lien de leur publication afin de générer rapidement de l’interaction de type « likes » ou des commentaires.

Pods manuels ou outils d’automatisation ?

Manuellement, on peut utiliser une messagerie, de type WhatsApp, SMS, ou un Slack par exemple, dans lequel on va s’organiser. On va ensuite publier le lien de notre post à l’ensemble du groupe pour qu’il aille sur LinkedIn le commenter, le « liker ».

Et puis, il y a des outils d’automatisation, avec des extensions Chrome qui permettent de mettre son lien dans l’outil d’automatisation. Et tous ceux qui sont dans le groupe y vont automatiquement. Et je vais même dire, sans le savoir.

Liker c’est juste un clic. Par contre, le commentaire peut être pré-rédigé. Et là, on voit des aberrations du genre : « Super ! », « Bravo ! », « Merci ! », « J’en parle à mon réseau », « Je partage à mon réseau ». Bref, un ensemble de commentaires qui n’ont aucune valeur intrinsèque et qui dégradent même, en fait, la publication d’origine. Parce que les commentaires générés n’apportent pas de valeur.

On peut y voir deux choses.

Soit c’est bien fait, et dans ce cas on ne parle plus de LinkedIn Pods mais de stratégie

Ça peut apporter vraiment de la valeur, parce qu’il y a une construction, c’est un petit groupe de personnes et la ligne éditoriale est cohérente pour chacun, quand ils vont aller commenter la publication d’origine.

Dans le pire des cas, on est dans du spam

Chaque fois qu’on va interagir, cela va faire remonter le contenu et le commentaire dans le flux de notre réseau. Ce réseau va voir des commentaires bas de gamme qui n’apportent aucune valeur ajoutée.

Et le pire que j’aie pu voir, ce sont des gens que je connaissais, qui étaient en train de commenter ou de liker des contenus qui faisaient la promotion de jeux d’argent.

Cela me paraissait bizarre par rapport à leur ligne éditoriale, et je leur ai demandé pourquoi ils le faisaient. En fait, ils l’ont fait parce qu’à un moment donné, ils ont testé un outil, ont oublié de le désactiver, et l’outil a gardé en mémoire leur profil et a continué à l’utiliser systématiquement pour promouvoir des jeux qui sont à la limite de la légalité.

Les outils utilisés pour les Linkedin Pods

Il n’y en a pas beaucoup qui permettent l’automatisation. Il y a Alcapod et Lempod.

Alcapod vient d’être fermé, car les utilisateurs avaient abusé de son usage et étaient devenus des spammeurs. Maintenant, c’est une extension Chrome. LinkedIn fait la chasse à toutes les extensions, et peut être qu’ils se sont fait repérer, et même anticipé le fait qu’ils allaient se faire bloquer.

Je vais vraiment distinguer les extensions, l’automatisation et le mauvais usage de l’outil, d’une stratégie collective de mise en avant d’un contenu.

C’est intéressant, cette notion de pod, mais moi, je n’appelle plus ça un pod, mais une stratégie. On est une équipe, on a des clients. On a une ligne éditoriale cohérente entre différents acteurs.

C’est intéressant de s’entraider à animer cette communauté, à l’alimenter en allant commenter.

Certes, cela va également favoriser l’algorithme. Mais on va surtout créer de la valeur ensemble. Ça, c’est une stratégie. C’est apporter de l’intérêt.

Maintenant, utiliser systématiquement un pod, ce n’est pas pérenne. Vous dépendez d’un outil, le jour où le pod meurt, vous n’avez pas créé de communauté, vous n’avez pas créé d’interactions, vous n’avez pas créé d’engagement naturel et donc vous dépendez de cet outil.

Et quand la technologie va disparaître ou est bloquée, parce que LinkedIn veut faire la chasse à ces outils, vous prenez le risque de disparaître également.

L’enjeu majeur de LinkedIn est de maîtriser tous les comportements sur sa plateforme. Si le côté bourrin des commerciaux en automatisation, pour essayer d’avoir le maximum de visibilité, car le compteur du nombre de vues va flatter l’ego et entraîner une décharge de dopamine prend trop d’importance, à un moment donné, les gens vont partir de LinkedIn.

Viadeo (R.I.P.)  a en son temps encouragé le spam commercial

Viadeo a laissé ouvert, à l’époque, le spam commercial. Ça les a tués. Si le réseau diminue sa valeur à travers les comportements, les gens s’en vont. Et ça sera la porte ouverte à un concurrent. Aujourd’hui, il n’y en a pas vraiment. Mais LinkedIn n’est pas garanti d’être là ad vitam eternam.

Il y a un risque de toute façon pour LinkedIn, à bien maîtriser les comportements. D’autant plus qu’en fait, le revenu de LinkedIn ne vient pas de la pub.

LinkedIn vend des solutions aux entreprises. Si les entreprises ne trouvent plus les candidats, avec la solution Talent Solutions pour les RH, parce que les gens sont partis, il n’y aura plus de ventes de licences. Les entreprises ne seront plus clientes de LinkedIn. Ça va leur poser un problème de business model.

Peut-on imaginer un monde sans LinkedIn ?

Ça, c’est une très bonne question. C’est quoi LinkedIn ? En fait, c’est juste pour moi un outil qui permet de se connecter avec d’autres professionnels et de développer des relations humaines professionnelles.

Un monde sans LinkedIn ? On peut tout à fait l’imaginer.

Il y aura un remplaçant à LinkedIn. Il y aura un autre outil. Il y aura un autre moyen de se connecter, en parlant digitalement avec son audience.

Aujourd’hui, pour un monde sans LinkedIn, vous avez l’email marketing.  L’email reste le meilleur levier marketing et est un excellent média.

C’est aussi une vraie communauté. C’est aussi un média social que vous maîtrisez. Et là, on est agnostique par rapport au réseau et à la techno car l’email, on peut le lire sur toutes les plateformes.

Un monde sans LinkedIn est-il possible ? Eh bien oui, tout à fait.

 

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »

3 commentaires

  1. Merci Yann poru cet article ! Je suis content de voir que les pods commencent à se faire blacklister…
    On en avait un peu discuté avec Bruno , c’est une vraie plaie pour un fil de qualité.

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