Content Marketing

Le contenu est roi : Bill Gates et sa vision prémonitoire de l’Internet

La révolution télévisuelle a certes profité aux vendeurs de téléviseurs, mais sur le long terme ce sont les producteurs de contenu qui mènent la danse sur Internet, devenu incontournable. Pourtant, en 1996, l’année de création de Visionary Marketing soit dit en passsant, il était très difficile de prévoir l’avenir. Un visionnaire, Bill Gates, l’avait anticipé cependant et inventé une phrase que vous répétez sans doute souvent, sans savoir que c’était le patron de Microsoft qui l’avait prononcée le premier : le contenu est roi (content is king).

Le contenu est roi (« content is king ») par Bill Gates – 1996

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Le contenu est roi (« content is king ») par Bill Gates – 1996

Le contenu est roi : Bill Gates et sa vision prémonitoire de l'Internet
Le contenu est roi, le clavier est son esclave

Retour en 1996, Microsoft s’allie avec la NBC pour créer du contenu sur Internet. Dans ce billet rédigé la même année, Bill Gates nous explique l’importance du contenu et sa vision de ce secteur à l’heure où la moindre publicité met plusieurs minutes à s’afficher et où la facturation de petits montants est impossible en ligne.

Malgré cela, il y a 22 ans, le PDG de Microsoft croyait déjà plus au software qu’au hardware et souhaitait orienter son activité vers la production et la vente de contenu immatériel.

Cette vision est somme toute assez différente de celle qui a été portée, avec succès, par Satya Nadella, autour de l’infrastructure cloud et de la Digital Workplace. Mais cette vision n’en reste pas moins prémonitoire, et d’une justesse impressionnante.

Voici donc ma

Traduction du texte de Bill Gates « le contenu est roi » de 1996

Bill Gates
Bill Gates, PDG de Microsoft, auteur du concept de contenu roi

« Je pense que c’est par le contenu que viendra une grande partie de la véritable monétisation de l’Internet, tout comme cela a été le cas par le passé avec la radiodiffusion.

La révolution télévisuelle qui a commencé il y a un demi-siècle a permis la création d’un certain nombre de métiers, y compris celui de la fabrication de téléviseurs, mais à long terme, ce sont ceux qui ont utilisé le média pour fournir de l’information et du divertissement qui ont emporté la mise. Dans le cas d’un réseau interactif comme l’Internet, la définition du mot « contenu » est très large. Par exemple, les logiciels informatiques sont une forme de contenu extrêmement importante ; celle qui pour Microsoft restera de loin la plus importante.

Mais pour la plupart des entreprises, les plus grandes ouvertures sont celles qui impliquent la création et la diffusion d’informations ou de divertissement. Aucune entreprise n’est trop petite en ce domaine. Un des traits fascinants de l’Internet est cette capacité offerte à quiconque muni d’un PC et d’un modem de publier n’importe quel contenu qu’il aura créé. Dans un sens, Internet est l’équivalent multimédia du photocopieur. Il permet de dupliquer le contenu à moindre coût, quelle que soit la taille de l’audience.

Internet permet également de diffuser des informations dans le monde entier à un coût marginal pratiquement nul pour l’éditeur. Les opportunités sont remarquables et de nombreuses entreprises élaborent des plans pour créer du contenu pour Internet.

Par exemple, le réseau de télévision NBC et Microsoft ont récemment conclu un accord pour pénétrer ensemble le secteur des informations interactives. Nos sociétés détiendront conjointement un réseau d’information sur le câble, MSNBC, et un service de nouvelles interactifs sur Internet. NBC conservera le contrôle éditorial de la co-entreprise. Je pense que ces sociétés connaîtront une concurrence intense et des échecs autant que des succès considérables dans toutes les catégories de contenu. Non seulement les logiciels et les informations, mais aussi les jeux, les divertissements, les émissions sportives, les annuaires, les petites annonces et les communautés en ligne.

Internet : une alternative à la presse ?

Les magazines imprimés ont des lecteurs qui partagent des intérêts communs. Il est facile d’imaginer que ces communautés soient servies par des éditions électroniques en ligne.

Mais pour réussir en ligne, un magazine ne peut pas simplement copier ce qu’il a imprimé et le coller dans le domaine de l’électronique. Il n’y a pas assez de profondeur ou d’interactivité dans le contenu imprimé pour surmonter les inconvénients du média en ligne. Pour que le public accepte d’allumer un ordinateur pour lire un écran, ils doivent être récompensés par des informations fouillées et extrêmement fraîches qu’ils peuvent explorer à volonté. Il aura besoin d’audio, et éventuellement de vidéo. Il aura besoin d’une possibilité d’interaction personnelle qui va bien au-delà de celle offerte par le courrier des lecteurs des magazines imprimés.

La question qui se pose est la fréquence à laquelle la même entreprise qui sert un groupe d’intérêt dans la presse papier réussira à le servir en ligne. L’avenir-même de certains magazines imprimés est remis en question par Internet. Par exemple, Internet révolutionne déjà l’échange d’informations spécialisées dans les domaines scientifiques. Les revues scientifiques imprimées ont tendance à avoir de petits tirages, ce qui les rend plus chères. Les bibliothèques universitaires représentent une grande part du marché. C’est une manière inadaptée, lente et coûteuse de distribuer de l’information à un auditoire spécialisé, mais il n’y avait pas d’autre choix possible. Maintenant, certains chercheurs commencent à utiliser Internet pour publier des résultats scientifiques. La pratique défie l’avenir de certaines revues imprimées vénérables.

La ruée vers l’or du contenu sur Internet

Au fil du temps, l’ampleur de l’information sur Internet sera énorme, ce qui la rendra incontournable. Bien que l’esprit d’une nouvelle ruée vers l’or se limite aujourd’hui principalement aux États-Unis, je m’attends à ce qu’elle balaie le monde alors que les coûts de communication diminuent et qu’une masse critique de contenu devient accessible dans les langues locales des différents pays.

Pour que l’Internet prospère, les fournisseurs de contenu doivent être rémunérés pour leur travail. Les perspectives à long terme sont bonnes, mais je m’attends à beaucoup de déception à court terme. Les sociétés de contenu ont du mal à gagner de l’argent avec la publicité ou les abonnements. Ce système ne fonctionne pas encore, et pourrait encore prendre un certain temps pour devenir viable.

Jusqu’ici, au moins, l’essentiel de l’argent et des efforts consacrés à l’édition interactive n’est guère plus qu’un travail d’amateur ou un effort pour promouvoir les produits vendus dans le monde réel. Souvent, ces efforts sont basés sur la conviction qu’au fil du temps, quelqu’un va trouver un moyen de les faire prospérer.

À long terme, la publicité est prometteuse. Un avantage de la publicité interactive est que son message initial doit uniquement attirer l’attention, et non transmettre beaucoup d’informations. Un utilisateur peut cliquer sur l’annonce pour obtenir des informations supplémentaires, et l’annonceur peut mesurer si les internautes le font.

Mais aujourd’hui, le montant des revenus d’abonnement ou des revenus publicitaires réalisés sur Internet est proche de zéro, peut-être 20 ou 30 millions de dollars au total. Les annonceurs sont toujours un peu réticents à propos d’un nouveau média. Certaines réticences de la part des annonceurs peuvent être justifiées par le manque d’enthousiasme des internautes vis à vis de la publicité. Une des raisons en est qu’un grand nombre d’annonceurs utilisent de grandes images qui prennent beaucoup de temps à charger via une connexion téléphonique.

Une publicité dans un magazine prend également de la place, mais un lecteur peut retourner rapidement une page imprimée.

Au fur et à mesure que les connexions à Internet, se feront plus rapidement, l’attente du chargement d’une publicité diminuera puis disparaîtra. Mais nous avons encore quelques années à attendre.

Certaines sociétés de contenu expérimentent des systèmes d’abonnements, souvent avec quelques contenus gratuits pour appâter le client. Ce n’est cependant pas très aisé, car dès qu’une communauté électronique facture un abonnement, le nombre de personnes qui visitent le site diminue considérablement, réduisant d’autant la proposition de valeur aux annonceurs.

Une des raisons principales pour lesquelles le paiement du contenu n’est pas très aisé tient à la difficulté de facturer de petites sommes. La difficulté de facturer en ligne et les coûts associés à cette facturation obligent à maintenir élever les tarifs d’abonnement.

Mais dans l’année qui vient, des mécanismes seront mis en place qui permettront aux fournisseurs de contenu de facturer à peine un ou quelques centimes pour l’information. Si vous décidez de visiter une page qui coûte quelques centimes, vous n’aurez pas à rédiger un chèque ni à régler une facture par la poste pour cela. Vous n’aurez qu’à cliquer sur le contenu que vous voulez lire, sachant que cette petite somme sera facturée en la regroupant avec d’autres achats. Cette technologie évitera aux éditeurs la facturation de micro paiements et leur permettra d’attirer un large public. Ceux qui réussiront propulseront l’Internet en tant que place de marché des idées, d’expériences et de produits : une place de marché dédiée au contenu. »

Voilà pour les détracteurs de Bill Gates et de Microsoft, un sacré personnage, doté d’une vision hors norme tout en restant très discret, ce qui est le propre des très grands.

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »
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