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RSE : une remise en cause du management établi #rset9 par @leckofr

Le rapport Lecko sur le RSE (Reseau Social d’Entreprise) est un incontournable du marché de la collaboration. Les visiteurs ne s’y trompent pas qui s’y pressent chaque année plus nombreux et remarquons que l’immense majorité des participants sont des représentants d’entreprise, les consultants ayant peu à peu cédé leur place. On y suit chaque année la progression de la percée du RSE Dans le monde de l’entreprise. Tous les ans donc on observe des changements et cette année plus particulièrement : la maturation des entreprise en matière de collaboration au travail est patente. Mais il reste un grand nombre d’obstacles car le RSE est une remise en cause du management. Enfin, il ne faut pas estimer que le point de vue technologique est réglé : de nombreuse choses restent à améliorer du côté des éditeurs, qui se sont parfois livrés à un accumulation de fonctionnalités qui n’a pas toujours été compris par les utilisateurs (voir mon interview d’Arnaud Rayrole ci-dessous). Voici mon compte-rendu de la présentation du 9ème tome du rapport Lecko sur l’utilisation du RSE qui s’est tenue le 26 janvier dernier en leurs locaux de la rue du Louvre.
RSE : Arnaud Rayrole veut mettre les organisations en mouvement

Le RSE en marche (sans allusion politique nous dit Arnaud Rayrole)

Cahin-caha, il avance le RSE. Depuis le temps où nous nous lamentions que l’adoption des réseaux d’entreprise était faible, force est de constater que les progrès sont patents. Arnaud Rayrole, facétieux, n’hésite pas à nous dire qu’il est « en marche ». Voilà un bon programme. Mais cela ne s’arrête pas là. Il rest des difficultés évidentes qu’il faudra surmonter si on veut récolter le bénéfice attendu de la collaboration en entreprise. Et surtout, il faudra comprendre que les « organisations et les modes de management » sont inadaptés nous expliqué Arnaud Rayrole. Il serait faux cependant de blâmer uniquement les middle managers pour les ratés de la collaboration en entreprise. L’aspect humain est indéniablement crucial. « Les peronnes n’ont pas toutes envie de collaborer » nous confirme Arnaud dans son interview. Enfin, point important, si les outils ne sont pas tout, il faut néanmoins noter que tout n’est pas rose au pays du logiciel collaboratif. « Là consolidation entre éditeurs connue dans d’autres secteurs n’a pas eu lieu » a expliqué Arnaud. Pire, beaucoup de ces éditeurs ont multiplié les solutions de collaboration à tous les niveaux Avec de nombreux points d’entrée. Prenons Microsoft qui a été soumis à une véritable question en public sur ce sujet de la part d’Arnaud : Sharepoint puis Yammer puis Planner puis Groups puis Teams … ouf ! Chacun de ces outils est intéressant (mes équipes et moi-même les utilisons tous. Certains comme Planner sont même devenus des piliers de nos processus) mais ce qui manque c’est le liant et la rationalisation des redondances.
Voici donc la synthèse. Le rapport quant à lui est très complet avec son analyse de 47 solutions de collaboration. Il nous fut présenté par Bastien le Lann, Arnaud Rayrole et Guillaume Gouraud. Voici quelques éléments marquants de cet énorme rapport de 150 pages qui en plus est très réussi graphiquement, grâce au travail de Noémie Jouan qui a réalisé une jolie mise en scène des radars (voir ci-dessous).
1 – Comment progressent les usages du RSE dans les entreprises ? 
 
« La collaboration n’est pas un sprint mais va s’installer durablement dans l’entreprise” ont déclaré les représentants du cabinet spécialisé en RSE. La valeur de la collaboration ne se mesure pas de façon unilatérale cependant. Elles est localisée dans de petites populations et ne peut se “moyenniser » sur l’ensemble de l’entreprise. En d’autres termes, la collaboration s’installe dans les mœurs mais son usage ne se répand pas de façon uniforme. La bonne nouvelle cependant c’est bien cette progression de l’usage de  15 à 17% par an avec un nombre croissant d’utilisateurs embarqués dans ces projets. En moyenne sur le panel c’est 3800 utilisateurs actifs qui sont embarqués chaque année sur les entreprises sondées, avec de grands écarts types.

Le RSE comme remise en cause du management établi

Un point important à noter sur le RSE est qu’il est une alternative aux modes d’organisation traditionnels, et non un sparadrap sur la jambe de bois d’une organisation traditionnelle ultra hiérarchisée qui s’accroche à la vie. Voici donc le vrai défi : trouver un équilibre entre les autonomies des entités (BUs) et bénéficier de la force du groupe.
C’est en cela un problème aussi vieux que le monde est monde et qui fut partiellement et bien imparfaitement contrebalancé par les organisations matricielles, mais on connaît les difficultés de ce type d’organisations (effet limité aux chefs d’équipes, organisations en arbres de Noël, illisibilité des objectifs et brouillage de l’ambiance et de l’esprit de groupe, … la liste est infinie).

 Progression des usages des RSELa mise en réseau de l’entreprise permet des liens plus transverses et de mettre des liens entre les pairs et de favoriser le partage de pratiques. Exemple cité dans la conférence, la fusion entre Technip et FMC : dans ce cas, la première brique de la fusion c’est l’outil collaboratif qui va leur permettre de fusionner les processus.
Le RSE permet aussi d’élargir les réseaux professionnels des collaborateurs qui sont traditionnellement assez restreints (leur équipe, leur patron) et d’augmenter le capital social des collaborateurs. Tout ceci est un facteur d’agilité organisationnelle qui aide à faire évoluer la culture à l’intérieur de l’entreprise.

2 – Les démarches de transformation se précisent : vers la 3ème voie

Un outil n’est cependant pas suffisant pour changer les façons de travailler. Il faut donc travailler sur l’humain et les organisations et c’est le sujet qui a été développé par les représentants de Lecko. « Les grandes entreprises ont dépassé le stade artisanal de la petite équipe qui va accompagner un petit nombre d’utilisateurs » nous ont-ils expliqué. Il faut pouvoir répliquer et monter en charge.
 
On parle ainsi de 3ème voie (une terminologie issue de cette étude sur les entreprises de plus de 1 000 personnes). La 3ème voie est celle qui ne choisit pas entre organisation collective et initiative individuelle. C’est celle qui fait la synthèse des deux (cf. schéma sur la droite).
Ce n’est plus marginal : on donne la capacité aux employés de mobiliser leurs pairs, d’aller au-delà de leur réseau naturel. Le système se transforme donc de l’intérieur.
Mais la question se pose toutefois et toujours de savoir si l’entreprise encourage ou décourage ce processus.
Pour développer la collaboration, il faut travailler sur 3 axes:
1) transversalité
2) processus
3) efficacité
Pour chacun de ces axes, il faudra voir comment faire progresser la transformation, c’est à dire être capable de dire en quoi la collaboration va permettre d’étendre l’usage des utilisateurs métier aux utilisateurs non métier. Mais ce changement n’est pas chose si aisée et la population interviewée est partagée : la moitié seulement pense que le changement va être reconnu, et 15% seulement qu’il va être sanctionné par une reconnaissance de la part de l’entreprise. C’est la dure vie de l’intrapreneur, qui est souvent sinon toujours perçu comme un poil à gratter. Il(elle) vient remettre en cause les pratiques de l’entreprise sans forcément toujours prendre les gants qui sont nécessaires pour tranquilliser les sceptiques et les frileux. L’innovation nécessite en effet de bousculer l’ordre établi, et favoriser l’intrapreneuriat est un exercice difficile. C’est ce que j’ai décrit dans une présentation sur la RH et la transformation digitale intitulée : les injonctions paradoxales de la transformation digitale à la RH.
Voici pour l’aspect humain et organisationnel, certainement le plus important. Néanmoins, il ne faudrait pas négliger l’aspect logiciel. L’analyse du 9ème tome de l’étude Lecko démontre quelques faiblesses dans ce domaine, et Arnaud les souligne très clairement dans l’interview vidéo ci-dessus.

2- évolution du marché des solutions

La grille de lecture a été perfectionnée par Lecko cette année et elle colle aux trois dimensions explicitées ci-dessus
Le marché témoigne de cette évolution :

RSE : Lecko grille de lecture

Quelques remarques d’importance :
MATRICE DES PROCESSUS
La partie processus est toujours lacunaire alors que la transversalité est l’endroit où le marché s’est développé naturellement et historiquement.
Le marché ne reconnaît pas de standard de fait mais on observe une impulsion sur les chat ops (slack, talkSpirit : ce sont des applications qui permettent, au travers de la conversation collaborative et le partage d’informations, d’améliorer le processus projet). Jamespot est toujours bien présent, il a même distingué par Lecko. Sur la transversalité, les nouveautés sont Microsoft Teams et Facebook Workplace.
GESTION DES CONNAISSANCES ET PRODUCTIVITE
1) un acteur se dégage qui est Office 365 Teams
2) on va retrouver dans cette catégorie des outils dédiés à un usage (Slack, Trello, Planner) c’est la zone A
3) ce sont les outils complets (Office 365 en tête) pour agréger la collaboration.
Vu de la DSI, il convient néanmoins d’apporter une nuance nous préviennent les consultants de Lecko : « le problème c’est qu’on compare des choux et des carottes car l’offre est très hétérogène. Développer une approche monolithique sur ce type de solution est contraignant et n’apportera pas d’avantages financiers ». Rien n’empêchera en effet les métiers d’aller chercher des applications eux-mêmes si ces solutions leur apportent une valeur métier, or chaque personne/groupe va s’habituer à une application ou une suite et les approches sont irréconciliables. C’est un problème de taille avec une complexité à 2 niveaux : d’une part les solutions des éditeurs qui sont ultra complexes et souvent redondantes, et de l’autre côté des utilisateurs qui ont chacun leur mode de communication collaborative préféré. Cela aboutit à une situation où les solutions prolifèrent et où il est très difficile d’apporter une solution qui convienne à tout le monde. De ce fait, selon Lecko « il vaut mieux adopter une approche plus souple et accepter de s’adapter. Exemple sur les outils de prise de note, mieux vaut laisser le choix aux utilisateurs, on ne peut imposer Evernote ou Onenote à l’ensemble de l’entreprise ».
LES RADARS (nouvelle formule)
Entre les déploiements des standard (DSI) et la recherche de l’outil (Métiers) il faut trouver une nouvelle voie qui est celle de guider les utilisateurs dans leurs choix nous expliquent Lecko. C’est pour cela que le cabinet de conseil développe des radars dédiés pour chaque solution. Cette année, les radars sont devenus encore plus sophistiqués.
Il existe deux grands acteurs, Google et Microsoft, qui proposent des solutions agrégées et qui ont consolidé leurs offres. Il y a également des apporteurs de fonctionnalités tierces qui apportent des solutions sur les socles MS. Il y a également de nouvelles solutions comme Workplace de Facebook. Parmi les généralistes on trouve Jalios (qui continue de faire évoluer son offre dans le sens de la complétude) et Exoplatform.
Digital Workplace : L’idée d’une digital workplace (un espace digital qui permette aux utilisateurs de collaborer et de communiquer en dehors du mail) « reste encore un rêve à ce stade » selon Lecko. Les solutions ne sont pas encore abouties. Ceci principalement à cause de l’interopérabilité: 1° Les SI sont largement composites 2° il est nécessaire d’avoir la main sur les données (et notamment de savoir où elles sont stockées)
RSE : le radar Facebook Workplace de Lecko
Baromètre des éditeurs : quelle perception des solutions technologiques par les utilisateurs
Jamespot s’est distingué. Ils savent informer les utilisateurs et les informer
Talonnés par Knowledge Plaza et enfin Exo Platform
Ce sont les meilleurs en termes d’information des utilisateurs de l’évolution de la plate-forme.

3- enseignements à mettre en avant quand on est une équipe digitale et qu’on doit mettre en oeuvre des solutions.

En conclusion, comment accélérer sa transformation ? Arnaud Rayrole nous a livré ses recommandations :
1) La mise en réseau progresse, il ne fait pas freiner l’enthousiasme, il faut conserver un regard positif et bienveillant envers les personnes qui se donnent à fond c’est un moyen d’accélérer le changement. S’il y a encore un doute sur la collaboration en entreprise, il y a moyen de rendre probant les réussites pour accélérer le changement culturel.
2) Les intraprenenurs sont le principal atout de l’entreprise, plus que le CDO, le budget ou la techno. Ce qui fait avancer le projet ce sont les hommes et les femmes qui font bouger les lignes et font face aux difficultés (outils, résistance au changement). Or, il faut identifier ces acteurs et ne pas les isoler.
3) La collaboration ne peut pas se développer à côté des processus. Il faut que le SI métier soit aligné et intégré à la collaboration au sein du processus.
4) Pas de digital workplace sans interoperabilité. Il faut mettre en mouvement les managers et réaliser des progrès dans un environnement fragmenté et transformer l’organisation en attendant que les outils soient à niveau et intègrent ces fonctions d’interopérabilité.
RSE : les recommandations d'Arnaud Rayrole

En conclusion du 9ème tome du rapport Lecko sur le RSE : Mettre en mouvement les acteurs de l’entreprise

Quelque part, ce 9ème rapport Lecko sur le RSE est un symbole du grand écart de la collaboration en entreprise. D’une part, comme le souligne Arnaud, la collaboration apporte un bouleversement des modes de management, c’est une remise en cause profonde des modes de gestion, des équipes et des projets. Et d’autre part, c’est un travail de fourmi qui ne peut se concevoir unilatéralement ni massivement, comme on l’a fait il y a 30 ans ou plus pour l’introduction de l’e-mail en entreprise ». En résumé, c’est là le paradoxe, un outil beaucoup plus révolutionnaire que l’email alors que le changement qu’il induit est beaucoup moins rapide et universel que celui du courrier électronique. De quoi nous faire travailler pendant encore de nombreuses années.
En conclusion un rapport encore très riche cette année avec une amélioration des comparatifs logiciels qui permettront aux décideurs intéressés de mieux comparer les solutions. Mais au-delà de cela, des conseils particulièrement précieux en matière de conduite du changement, avec la glorification de l’intrapreneur, le seul moteur de changement durable, à condition que celui-ci s’insère dans le processus de l’entreprise et qu’il soit reconnu par celle-ci. J’ai eu l’impression d’entendre l’histoire de ma vie racontée en cette matinée chez Lecko, j’ai toujours cru que l’intrapreneuriat était la meilleure voie pour impulser le changement, et je l’ai démontré de nombreuses fois en payant de ma personne et en prenant des risques sur le terrain. Reste la difficile reconnaissance de l’entrepreneur par la structure, mais soyons franc, le véritable innovateur aime aussi la résistance, il recherche aussi cela, et ne se décourage jamais. Il sera toujours très difficile de faire naître et d’accompagner des intrapreneurs de façon descendante. Accompagner la rupture, encore une injonction paradoxale de la transformation digitale.
Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »
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