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Net neutralité : un futur de l’Internet radieux ou odieux ?

Net neutralité : voilà un sujet qui n’est pas très sexy, il n’attire que peu de commentaires, notamment parmi les professionnels de l’Internet. C’est un sujet de Cassandres, de pleureuses, qui annoncent des catastrophes qui arriveront peut-être. Comme toutes les catastrophes qui arriveront peut-être, il n’y a pas d’assurance qu’elles se produisent, et en parler ne crée pas l’enthousiasme. C’est le cas de la Net neutralité. Et pourtant, il s’agit d’un sujet important qui mérite d’être mis sur la table, même s’il fait grincer des dents ou qu’il peut, c’est le risque que je prends, vous faire passer pour un dangereux gauchiste ou un non moins dangereux réactionnaire, les deux extrêmes se rejoignant. Je suis fasciné de voir à quel point les jeunes professionnels que je retrouve dans les classes sur les bancs des écoles, qu’il s’agisse de  formations initiales ou d’exécutives, ont un esprit critique assez peu aiguisé vis-à-vis de la situation actuelle de l’Internet. Est-ce dû au fait qu’ils n’ont pas connu les années pionnières du Web où tout était possible ? La réduction de l’offre et des possibilités ne leur posent-elles pas de problèmes ? Le monde s’est-il mercantilisé au point d’en oublier ses principes fondateurs et fondamentaux ? Pourtant, cette situation n’est pas nouvelle. Je l’ai décrite plusieurs fois : la loi de Zipf tend à réduire la diversité de l’offre des services sur le Web. C’est une règle naturelle de l’économie, quand un marché mûrit il tend à se rétrécir en termes d’offres. Sur Internet, cela signifie toutefois quelque chose de plus grave et prend des proportions démesurées. Car l’Internet n’est pas seulement un espace marchand. C’est également un accès au savoir. On pourrait même dire que d’une certaine manière il devient l’accès principal du savoir pour beaucoup de personnes. De juger si cela est une bonne ou mauvaise chose est une autre affaire. Revenons donc à la Net neutralité, notre sujet du jour.

La net Neutralité ou neutralité du Net

Le sujet de la net neutralité est un sujet important. Il est souvent mis en avant par des associations libertaires comme la quadrature du Net. Voici la définition qu’ils donnent de ce phénomène :

La neutralité du Net (ou Net neutralité) est un principe fondateur d’Internet qui garantit que les opérateurs télécoms ne discriminent pas les communications de leurs utilisateurs, mais demeurent de simples transmetteurs d’information. Ce principe permet à tous les utilisateurs, quelles que soient leurs ressources, d’accéder au même réseau dans son entier. Or, la neutralité est aujourd’hui remise en cause à mesure que les opérateurs développent des modèles économiques qui restreignent l’accès à Internet de leurs abonnés, en bridant ou en bloquant l’accès à certains contenus, services ou applications en ligne (protocoles, sites web, etc.), ainsi qu’en limitant leur capacité de publication.

Net neutralité
La net neutralité est un sujet grave : regarder Internet au travers d’une seule fenêtre ne vous gêne-t-il pas ?

Mais la neutralité du net s’arrête pas là. Si les opérateurs sont parfois épinglés pour certaines pratiques à la limite du respect de ce principe fondateur du Web (on parle souvent de DPI ou Deep Packet Inspection, la capacité à décrypter la nature des messages que vous échangez), rien n’indique qu’il soit dans leur intérêt de poursuivre plus avant ce genre d’actions. Par ailleurs, les opérateurs sont en concurrence, et on peut même s’attendre à ce que cette concurrence s’accroisse ici les années qui viennent, sur un plan plus européen. La  Net neutralité à mon avis, s’étend surtout aux autres acteurs du Web.

À ce que les opérateurs notamment les OTT (Over The Top).  C’est-à-dire ceux qui fournissent des services au-dessus des infrastructures des opérateurs, et notamment les quatre principaux que l’on rassemble au travers de l’acronyme GAFA (auxquels on peut rajouter un M pour en accueillir un cinquième). Eux, peuvent se livrer en toute impunité à de l’analyse en profondeur des données que vous fournissez, aux messages que vous envoyez, aux échanges que vous réalisez en ligne. C’est sans doute le côté le plus noir des Big Data. Il n’a pas grande portée, soyons clair, aujourd’hui, mais imaginons qu’une tentation totalitaire se fasse jour ici ou là, notamment aux USA où la présidentielle prend des accents assez nauséabonds. Il y a quand-même de quoi se poser des questions. 

Les cinq  en question, fournisseurs de services hors-pair dont on ne peut que louer la qualité et l’originalité sont là pour apporter la rupture et y réussissent très souvent avec brio. On ne peut que leur tresser des louanges quant à la qualité de leurs services qui nous simplifient la vie et le travail. A terme cependant, ce qui peut paraître être une simplification est aussi un danger. Un danger et une fermeture. S’ils en avaient la possibilité, ces 5 là seraient très heureux que vous accédiez à Internet uniquement au travers de leur fenêtre, de leur application. Plus besoin de navigateur, plus besoin de choses compliquées et difficiles à maîtriser pour les utilisateurs. Mais le revers de la médaille, c’est qu’il n’y aurait plus non plus de possibilité d’accéder au contenu autrement que par cette fenêtre. De préférence en payant. Cela ne vous dérange-t-il pas que le savoir du monde accessible par une seule porte ? Et si cette porte se fermait, ne serait-ce qu’un peu ? Et si vous deviez systématiquement payer pour être visibles ? Pensez-vous qu’une petite entreprise du fin fond de la France de la Tunisie aurait les mêmes chances qu’une multinationale ultra puissante ?

C’était cela la promesse de l’Internet et il n’est pas certain qu’elle perdure : donner sa chance à chacun, grand ou petit, que chacun puisse s’exprimer, créer son entreprise, devenir visible, accéder au marché, avec égalité de chance. Un réseau accessible à tous sans discrimination, aussi bien sur le plan du savoir, de l’entreprise, de l’accès et de la création de l’information, un réseau neutre (d’où le terme de Net neutralité).

De temps en temps, une personnalité sort du lot pour s’élever contre  tel ou tel abus, c’est le cas notamment de Jonathan Zittrain,  professeur en gouvernance de l’Internet est en réglementation à l’université d’Oxford, qui partage son temps entre l’Amérique et le Royaume-Uni. On ne peut pas le  soupçonner de franchouillardise.  qu’il est l’auteur d’un livre intitulé « le futur de l’Internet et comment l’arrêter » qu’il a publié il y a déjà bien longtemps, en 2008. Ce livre est malheureusement tombé dans  L’oubli.

Heureusement, en faisant une recherche sur Internet (vous voyez qu’il est important que cette porte ne se referme pas) je suis retombé sur son bouquin dont je me suis aperçu que l’éditeur, Harvard Business, avait mis une copie gratuite en ligne. Je vous invite donc à cliquer sur ce lien et à lire le futur de l’Internet selon Jonathan Zittrain, un futur qui n’est pas tout aussi rose que vous l’aviez pensé.

[En] Jonathan Zittrain – The future of the Internet

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »
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